Samtech a 25 ans

On sait peu que Samtech, ancienne spin-off de l’université de Liège, aura discrètement œuvré au développement du prochain Airbus A350, grand concurrent du récent – et très médiatisé – Boeing 787 Dreamliner. La société, qui fête ses 25 ans, a pourtant connu, depuis le milieu des années 1980, une croissance remarquable doublée d’une rapide internationalisation, en réussissant le pari de la simulation numérique pour le prototypage virtuel. C’est-à-dire le développement d’un logiciel de simulation destiné à « optimiser la conception d’un prototype en testant différents concepts de design. La simulation virtuelle autorise un gain qualitatif, mais également un gain de rapidité en matière de time-to-market, c’est-à-dire de temps de développement avant commercialisation », explique Eric Carnoy, CEO de Samtech depuis 1986. Dit autrement, c’est sous la bannière de “Samcef” – son logiciel phare – que Samtech a gagné ses premiers galons en proposant à quelques enseignes prestigieuses de l’aéronautique, dont la Société nationale industrielle aérospatiale (aujourd’hui intégrée à EADS), un savant laboratoire virtuel.

Une diversification attrayante

Survivant à l’arrêt du programme français de navette spatiale Hermès au début des années 1990, Samtech a surtout connu un important développement territorial dans les années 2000, poussant ses logiciels de calcul et de simulation (multiphysique) jusqu’au Japon et les Etats-Unis, en passant par la Chine « prête à payer cher pour rattraper son retard technologique » et le Royaume-Uni, chaque fois à la faveur d’une relation commerciale solide avec des partenaires de taille. Mais le nouveau millénaire a surtout vu Samtech diversifier ses activités: « Au Japon, où nous sommes implantés depuis 2009, Toyota procède à des analyses du comportement dynamique de ses véhicules par le biais de nos produits. C’est une diversification intéressante pour Samtech. Nos logiciels sont également utilisés pour le dimensionnement des éoliennes et pour évaluer les efforts qui varient au gré de la force du vent. Il s’agit d’un marché à fort développement », confie Eric Carnoy.

L’ancienne spin-off, encore implantée au cœur du LIEGE science park, s’enorgueillit aujourd’hui d’une croissance à deux chiffres et d’un bénéfice annuel consolidé de plus de deux millions d’euros (2010). Daimler, BMW, mais aussi Astrium et Eurocopter, toutes deux filiales d’EADS, figurent au carnet d’adresses d’Eric Carnoy. Qui nuance : 
« La success story de l’entreprise doit beaucoup à notre collaboration avec Airbus (EADS) et à ses risk-sharing partners. En 2005, nous avons gagné un appel d’offre auprès d’Airbus pour la fourniture d’une plateforme d’intégration de ses méthodes de calcul de structure. Depuis lors, l’avionneur s’appuie sur les logiciels que nous développons pour procéder au dimensionnement de ses avions, dont l’A350, prochain concurrent du Boeing Dreamliner.»

Dites LSM Samtech

L’ascension de Samtech ne pouvait bien entendu pas laisser indifférent. Le 25e anniversaire de la société coïncide ainsi avec un changement de sa structure actionnariale, suite à une prise de participations (60 %) de la société louvaniste LMS International, ancienne spin-off de la KUL elle-même spécialisée dans les tests et la simulation virtuelle. « Il s’agit pour nous d’une diversification à la fois géographique et sectorielle : non seulement LMS a développé une expertise dans les secteurs de l’automobile et de l’industrie mécanique – alors que nous privilégiions l’aéronautique – mais elle est également très présente dans les pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine) et dotée d’un réseau commercial impressionnant de professionalisme. En comparaison, nous étions à Liège, disons… un peu plus “artistes” », plaisante Eric Carnoy.

Patrick Camal
Photo : Samtech