Soucieuse de promouvoir les compétences de l’Europe en matière d’enseignement supérieur, la Commission européenne finance depuis plusieurs années le développement de masters entre universités européennes (cf. encart). Ces Erasmus Mundus sont devenus un label, tant pour les diplômés que pour les universités partenaires. La faculté des Sciences appliquées de l’ULg peut se targuer d’être impliquée dans trois masters Erasmus Mundus et, par-là, de diffuser ses connaissances et son savoir-faire à travers le monde entier. Deux masters, l’un en construction navale et l’autre autour des turbomachines, ont débuté en septembre 2010. Un troisième, dans le domaine de la construction, verra le jour en septembre 2012.
EMSHIP
La volonté de la faculté des Sciences appliquées de l’ULg a toujours été d’offrir des formations relativement larges. Si la polyvalence de ses diplômés est appréciée, celle-ci peut avoir néanmoins son revers : certaines spécialisations ne sont accessibles que via des formations complémentaires ou à l’étranger. L’UL g est, par exemple, la seule institution belge à proposer une formation complémentaire en construction navale, et ce depuis 25 ans. Cependant, cette formation a été soumise à de nombreux aléas, notamment après la réforme de Bologne. « Nous avions besoin d’une structure plus formelle pour stabiliser cette formation et lui redonner une visibilité, explique le Pr Philippe Rigo, coordinateur du projet et du département Argenco (architecture, géologie, environnement et constructions) de l’ULg. Erasmus Mundus était fait pour nous. »
Les nombreux contacts qu’entretient Argenco avec l’Ecole centrale de Nantes ont permis la mise sur pied du master complémentaire EMSHIP en construction navale, organisé en trois semestres : un premier à l’ULg (structures navales), un deuxième à Nantes (hydrodynamique navale) et un troisième (TFE, stage) durant lequel les étudiants se répartissent dans les quatre autres universités partenaires d’EMSHIP. Au final, les étudiants repartent avec un double diplôme délivré par l’ULg et l’Ecole centrale de Nantes, avec une mention de la troisième mobilité. L’aspect employabilité n’est pas négligé : « Nous avons prévu une rencontre annuelle entre nos étudiants et un comité d’une vingtaine d’industriels : les premiers présentent leur TFE et les seconds leurs besoins. De la sorte, notre consortium peut également rester proche du marché. »
Parmi les 200 candidats à avoir rentré un dossier suite au lancement d’EMSHIP, 20 ont commencé le master en septembre 2010. Ce nombre correspondait à celui des bourses disponibles auprès de la Commission. La deuxième année, le nombre d’étudiants est monté à 28, pour 17 bourses. L’intérêt est manifeste. « Lorsqu’un master est accepté par la Commission, un financement est octroyé pour cinq ans, précise Audrey Melotte, attachée aux relations internationales de l’ULg, en particulier pour EMSHIP. L’objectif à terme est la viabilité du master par lui-même. C’est pourquoi le nombre de bourses octroyées décroît d’une année à l’autre. Le master doit assez vite arriver à ne compter que sur sa visibilité. »
THRUST
Commencé également en septembre 2010, THRUST est un master spécialisé dans les turbomachines et l’aéromécanique. « L’initiative vient de l’Institut technologique de Suède (KTH) et l’université Duke aux États-Unis, raconte Ludovic Noels, professeur du département d’aérospatiale et de mécanique de l’ULg. Ces deux institutions, spécialisées dans l’écoulement des fluides, avaient besoin de partenaires dans le domaine du solide et des matériaux pour élaborer leur master. Elles ont contacté les universités renommées dans ce domaine et nous avons accepté l’aventure, avec l’université de Thessalonique. Un consortium de quatre universités s’est ainsi formé. Nos étudiants passent leur première année en Suède, avant de choisir une option qui les enverra dans une ou deux des quatre universités pour poursuivre leur formation et réaliser leur TFE. »
A nouveau, le succès est au rendez-vous puisque plus de 200 dossiers ont été reçus la première année. Finalement, 23 étudiants ont commencé la formation l’an dernier, pour 21 bourses disponibles. La deuxième année, on comptait pas moins de 500 dossiers de candidatures... 17 étudiants ont ainsi pu se lancer dans l’aventure en septembre dernier, ce nombre correspondant au nombre de bourses.
Outre son unicité, THRUST répond à une stratégie : « Aujourd’hui, les turbomachines sont présentes dans le transport aérien qui est en explosion. Elles sont aussi la principale source d’électricité dans le monde. La demande est donc pressante pour développer des moteurs moins énergivores. De plus, cette compétence technologique reste à ce jour essentiellement européenne ou américaine : par exemple, le nouvel avion de transport chinois utilisera nos moteurs », conclut Ludovic Noels.
SUSCOS
Le dernier à avoir rejoint les masters Erasmus Mundus de la faculté des Sciences appliquées de l’ULg est SUSCOS qui prendra son envol en septembre 2012. L’initiative rassemble six universités européennes renommées dans le domaine de la construction. Au-delà de son objectif éducatif premier, SUSCOS permet aussi la diffusion dans le monde entier des normes européennes en matière de construction et, par là, l’ouverture de tout un marché pour les entreprises européennes.
« SUSCOS est une formation de 18 mois qui comprend une année de cours donnés par un couple d’universités différent chaque année, suivie d’un semestre dédié principalement au TFE, explique le Pr Jean-Pierre Jaspart, du département Argenco. En 2012-2013, les étudiants seront six mois au Portugal, puis six mois à Prague, avant de se répartir dans les quatre autres universités pour leur TFE. En 2013-2014, ce sera au tour de Liège et de la Suède d’accueillir les étudiants de première année. » Au final, les étudiants recevront un triple diplôme des trois universités par lesquelles ils seront passés. Pour l’heure, 250 marques d’intérêt sont déjà arrivées du monde entier. On se bouscule au portillon !

SUSCOS s’inscrit dans les relations de longue date qu’entretient l’ULg avec Arcelor-Mittal : « Nous sommes leur unique long term corporated partner, reprend le Pr Jaspart. Il y a trois ans, Arcelor-Mittal nous a d’ailleurs confié la gestion du réseau international de ses partenaires scientifiques. Son but était de rassembler les universités au top dans la construction métallique, mais aussi d’intégrer les pays émergents susceptibles de profiter de cette émulation. SUSCOS y a trouvé un terreau favorable. »
Si ces trois Erasmus Mundus sont d’ores et déjà des succès, on ne peut pas pour autant passer sous silence le parcours de combattant qui a présidé à leur mise en place : élaboration du programme, contacts interuniversitaires, relations avec la Commission, cohérence avec la règlementation interne à l’ULg, etc. En choeur, les professeurs aiment à souligner l’aide substantielle et de qualité reçue par l’administration et, en particulier, par celle de Catherine Dassis (relations internationales sous la responsabilité de la Direction générale).
Page réalisée par Elisa Di Pietro
Photos : ULg - Michel Houet
L’Europe, pôle d’éducation Suite à la restructuration de l’enseignement supérieur opérée par les accords de Bologne, la Commission européenne a voulu accroître la mobilité des étudiants. Le programme Erasmus classique permettait déjà des échanges entre les universités du Vieux Continent. Depuis plusieurs années, une nouvelle possibilité existe : le programme de coopération et de mobilité “Erasmus Mundus” s’adresse aux étudiants du monde entier. Son objectif est de recentrer l’Europe comme pôle d’éducation et de faire connaître ses potentialités à travers le monde. Concrètement, 131 masters peuvent déjà se vanter de posséder ce prestigieux label. Pleinement inscrit dans l’esprit européen, chaque master est développé par un consortium d’universités – majoritairement européennes – qui partagent une renommée internationale dans une même spécialité. Un tel master offre ainsi une formation de pointe répartie sur au moins deux universités européennes. C’est la mobilité qui est à l’honneur. “Erasmus Mundus” finance également des doctorats. L’université de Liège est impliquée dans quatre masters et deux doctorats Erasmus Mundus :
• THRUST ( TurbomacHinery aeRomechanical UniveRsity Training). Site : www.kth.se/thrust • SUSCOS (Sustainable Constructions under natural hazards and catastrophic events). Site : http://steel.fsv.cvut.cz/suscos • FAME (Functionalized Advanced Materials and Engineering) en faculté des Sciences. Site : www.fame-master.com • IDS-Fun Mat (EMJD International Doctoral School in Functional Materials for Energy, Information Technology and Health) en faculté des Sciences. Site : www.idsfunmat.u-bordeaux1.fr • Nanofar (PhD in Nanomedicine and Pharmaceutical Innovation) en faculté des Sciences. Site : www.erasmusmundus-nanofar.eu |