Figure désormais incontournable de notre Université, le FER ULg est un groupe de recherche et de réflexion sur les femmes et les notions de genre. Tout au long de l’année, grâce aux publications, aux conférences-débats, aux colloques qu’il organise, ses membres – des chercheures et enseignantes de l’ULg – s’attellent, notamment, à démonter les stéréotypes. Cette fois, c’est sur la place des femmes dans la société médiévale qu’elles souhaitent remettre les pendules à l’heure, à travers une exposition intitulée “Visages de femmes dans les miniatures médiévales conservées à l’ULg”, visible du 19 décembre 2011 au 15 janvier.
Comme son intitulé l’indique, l’intérêt de cette exposition est double car, pour alimenter leurs réflexions sur ces femmes du passé, les organisatrices mettent en lumière des ouvrages, aussi précieux que méconnus, conservés dans la bibliothèque de l’ULg. Parmi ceux-ci, un grand nombre de livres d’heures. « Ce sont des livres de prière, principalement diffusés au XVe siècle et destinés à la dévotion privée de laïcs fortunés, définit Marie-Elisabeth Henneau, directrice scientifique du service des archives de l’ULg et une des organisatrices de l’événement. Les enluminures qui les ornent constituent une source importante de documentation sur la vie et les modes de représentation des femmes à la fin du Moyen Age. Car, bien que leur usage soit religieux, on y retrouve des thèmes profanes. La femme, qui la plupart du temps prend les traits de la Sainte Vierge, est représentée dans son intérieur. Cette mise en scène dans son univers intime nous informe notamment sur les coiffures, la gestuelle, les habitudes vestimentaires de l’époque, mais nous permet également de découvrir, de manière privilégiée, des situations insoupçonnables. On la voit, par exemple, jouer du luth, lire, converser face à face avec un homme; on la retrouve aussi à la chasse, montant un cheval en amazone. »
On pense souvent, à tort, qu’à l’époque la femme ne sait pas lire. « Or, ajoute la chercheure, bien des images la montrent un livre à la main, suggérant ainsi qu’elle peut avoir accès au savoir et même au pouvoir puisque, dans certaines scènes, les rapports des sexes sont inversés. On voit, par exemple, Joseph qui cuisine et la Vierge qui lit, ou Joseph qui lave le linge du petit Jésus : ce sont des scènes que finalement nous n’imaginerions pas. Bien sûr, il y a sans doute une part d’idéalisation dans cette iconographie, laquelle n’est pas non plus représentative de toutes les classes sociales et, bien que les “enlumineresses” existent, le regard porté sur les femmes est vraisemblablement le plus souvent le fait des hommes. Ces représentations n’en restent pas moins intéressantes à analyser. »
Grâce à une quarantaine de panneaux richement illustrés, l’exposition se veut ludique et interactive. Son inauguration, le lundi 19 décembre prochain, sera d’ailleurs prétexte à conférence. Le Pr Juliette Dor, Marie-Elisabeth Henneau, Cécile Oger et Liz L’Estrange, historienne de l’art, professeur à l’université de Birmingham, viendront introduire le sujet. Pour l’occasion, outre les nombreuses projections, quelques manuscrits seront exposés.
Martha Regueiro
Photo : B ULg MS Wittert
Visages de femmes dans les miniatures médiévales conservées à l’université de Liège Exposition du 19 décembre au 15 janvier, dans le hall de l’Université, place du 20-Août 7, 4000 Liège. Vernissage et conférence le lundi 19 décembre à 18h30, à la Salle académique, place du 20-Août 7, 4000 Liège. Contacts : tél. 04.366.54.57, courriel mehenneau@ulg.ac.be |