Janvier 2012 /210
Janvier 2012 /210
TypeArt

Concours cinéma 210

Americano

Un film de Mathieu Demy, France, 2011.
Avec Mathieu Demy, Salma Hayek, Géraldine Chaplin, Chiara Mastroianni, Jean-Pierre Mocky, André Wilms
A voir aux cinémas Churchill, Le Parc et Sauvenière

L’exil au cinéma est un sujet passionnant. D’abord parce qu’il fait prendre à la caméra une route souvent inédite, et ensuite parce qu’il permet de spatialiser une recherche, un vide, un lieu qui se trouve souvent être un non-lieu. Ce premier long métrage de Mathieu Demy raconte l’histoire d’une recherche, amorcée au départ pour une raison banale : suite à la mort de sa mère en Californie, Martin (Mathieu Demy lui-même) doit aller récupérer l’appartement dans lequel il avait grandi avant de rentrer en France (suite à la séparation de ses parents). Arrivé là-bas, des souvenirs commencent à surgir, et un questionnement qu’il ne s’était plus posé refait surface : pourquoi sa mère était-elle restée là ? Pourquoi ne l’a-telle pas suivi lorsqu’il a dû retourner en France ?

Le film prend une tournure oedipienne au moment où Martin est mis sur la piste d’une certaine Lola (Salma Hayek), jeune femme mexicaine qui était son amie d’enfance et qui était très proche de sa mère. Lola devient une obsession pour Martin, qui en vient à penser que c’est elle qui détient les réponses qu’il cherche. Le cinéaste semble alors amené à “perdre le temps” : celui du protagoniste, mais également celui du spectateur, placé devant une quête qui tourne en rond. On peut éprouver un certain ennui, assez significatif du vide qui hante Martin, mais on peut également apprécier certaines idées cinématographiques, comme celles de ces détails de la mémoire – poignées de porte, clés, murs –, capturés en 16 mm. Mathieu Demy tente par moments de réfléchir sur l’image, le souvenir et la mémoire, puis de questionner le temps “à reculons”, comme le fait si bien sa mère, la vraie – Agnès Varda –, mais ces moments semblent séparés du reste du film, lequel ne prend son envol qu’à la fin.

La conclusion du film, bien que brève et furtive, se détache en effet du reste : très vite, les choses deviennent poétiques, le voyage prend sens, le regard scrute les petites gens et les petites histoires, et le chemin laisse des traces. Le film s’arrête peut-être au moment où on aurait voulu le voir commencer, mais le cinéaste était sans doute contraint de penser l’exil sur le mode du non-sens pour pouvoir en fin de compte lui proposer une direction.

Abdelhamid Mahfoud

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’asbl Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 18 janvier de 10 à 10h30 et de répondre à la question suivante : de quel cinéaste, connu notamment pour son film Lola (1961), Mathieu Demy est-il le fils ?

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