Le laboratoire de génie minéral et recyclage (Gemme) de l’ULg vient d’être mis à l’honneur à travers sa collaboration avec la société Comet Traitements, lauréate le mois dernier du prix Zénobe 2011 (prix wallon de l’innovation technologique) dans la catégorie “entreprise”. Depuis plus de dix ans, cette PME développe des procédés de traitement des résidus de broyage à partir notamment des recherches menées par le laboratoire liégeois. Ce sont les travaux d’étude de l’un de ses anciens ingénieurs de recherche, Pierre-François Bareel, qui ont jeté les bases de ce partenariat privilégié.
Gestion durable
Le broyage des déchets métalliques (véhicules hors d’usage, déchets d’équipements électriques et électroniques, etc.) génère d’énormes quantités de résidus pouvant être assimilés à des matières secondaires renouvelables. Ces gisements, que l’on pourrait qualifier de “mines urbaines”, sont estimés à 10 millions de tonnes par an en Europe. Leur exploitation représente un enjeu économique et environnemental majeur pour nos sociétés. « Le recyclage de ces gisements s’inscrit parfaitement dans la gestion durable de nos ressources. Sur le plan social, il crée de l’emploi. Au niveau de l’environnement, il limite les volumes de déchets, les rend inertes et préserve les ressources minières naturelles. Enfin, sur le plan économique, il crée de la valeur », souligne David Bastin, ingénieur des mines responsable du Laboratoire de génie minéral et recyclage, appartenant au groupe de recherche Gemme de l’ULg.
Le laboratoire, qui regroupe une dizaine d’ingénieurs géologues, des mines et chimistes, est actif dans la caractérisation et le développement de procédés de valorisation, d’une part des ressources minérales primaires (minerais et minéraux industriels) et, d’autre part, des matières premières minérales et métalliques secondaires (scories, sables de fonderie, produits de consommation en fin de vie, mâchefers d’incinération d’ordures ménagères, etc.).
Créé en 1905, ce laboratoire trouve son origine dans l’industrie minière et métallurgique qui a fait la renommée et la richesse de la région liégeoise. Parmi ses projets actuellement en cours dans ce secteur figure le développement d’un procédé de déphosphoration des minerais de fer du Kazakhstan (en partenariat avec ArcelorMittal) ou d’un procédé biométallurgique d’extraction du cobalt en République démocratique du Congo (avec l’université de Lubumbashi). Par ailleurs, David Bastin et son équipe travaillent sur des minerais du monde entier avec des groupes industriels présents en Wallonie et à l’étranger (Magotteaux, Lhoist, Carmeuse, Prayon, etc.), ainsi qu’avec de grands groupes miniers internationaux. « A partir des années 1990, nous avons transféré les techniques des secteurs minier et métallurgique vers le traitement des déchets. Notre unité a été l’une des premières en Belgique à s’être reconvertie », rappelle David Bastin.
Depuis une dizaine d’années, le laboratoire de génie minéral et recyclage développe avec Comet Traitements des procédés de séparation et valorisation des matières organiques, minérales et métalliques contenues dans les résidus de broyage. Il a ainsi mis au point, dans le cadre du Plan Marshall, une unité pilote biométallurgique. Les métaux y sont extraits par un procédé à basse température via une mise en solution catalysée par l’apport de bactéries. Il travaille aussi sur la séparation du carbone des fractions organiques pyrolysées (en vue de l’utiliser comme agent réducteur dans la sidérurgie) et des minéraux des résidus carbonés (ces minéraux étant valorisés dans des enrobés bitumeux utilisés dans la construction de routes).
Partenariats
Outre sa contribution à ces projets récompensés par un prix Zénobe, le laboratoire développe d’autres procédés de recyclage avec Comet Traitements et d’autres partenaires, par exemple pour récupérer le gallium des déchets de circuits imprimés, l’indium et le tellure de panneaux photovoltaïques, les terres rares des disques durs ou encore le chrome et le nickel des scories provenant de la fabrication des aciers inoxydables.
« La Wallonie compte parmi les régions d’Europe les plus performantes dans le secteur du recyclage. Pour garder cette avance technologique et participer à la reconversion industrielle de nos régions, il est primordial de soutenir les laboratoires comme le nôtre. Non seulement en matière d’innovation mais aussi de formation des ingénieurs à ces métiers tournés vers l’avenir », conclut David Bastin.
Eddy Lambert