Etes-vous satisfait de votre formation à l’université de Liège ? Si la question posée par notre Alma mater auprès de la cohorte de diplômés 2008-2009 a attiré des réponses allant très majoritairement dans le sens d’une appréciation positive, l’enquête postmaster n’avait pas pour autant vocation à alimenter un discours laudatif sur l’Institution. De ce questionnaire d’évaluation de la formation après confrontation au milieu professionnel, certains résultats ouvrent des pistes de réflexion sur ce que d’aucuns, soucieux de ne pas systématiquement avaliser les anglicismes, qualifieront d’“habiletés relationnelles”. Des compétences “douces”, intégrées à la formation académique, qui s’avèrent utiles sur le terrain de la profession.
A côté de la formation théorique
Ainsi, un peu plus de 30% de ces anciens étudiants ayant répondu à l’enquête – toutes Facultés confondues – mettent en lumière un manque dans le développement de leurs aptitudes en matière de compétences communicationnelles ou dans la capacité de travailler en équipe. On avoisine également des pourcentages similaires en ce qui concerne l’appréciation des aptitudes à l’adaptation et au changement.
Ces trois qualités relèvent plutôt du champ des soft skills qui, à côté des compétences techniques – les hard skills –, sont de plus en plus valorisées dans les processus de recrutement. « Elles prennent continuellement de l’essor, même si leur définition n’est pas encore vraiment consensuelle, confirme Jean-Pierre Bourguignon, professeur à la faculté de Médecine et président de l’Institut de formation et de recherche en enseignement supérieur (Ifres). Toutes ces compétences, qui ne figurent pas en tant que telles dans les curricula de formation, sont considérées comme des facteurs de réussite sur le plan professionnel. La formation théorique est évidemment plus facile à prodiguer qu’un savoir-faire complexe sur le terrain : on parle de gestion d’équipes, de communication, de leadership ou de créativité. »
Au sein de certaines grosses entreprises belges, des journées de formation sont organisées qui consistent, par exemple, à ériger, en groupes la plus haute tour possible avec des cure-dents et des marshmallows. Une approche originale qui viserait à développer à la fois la créativité et l’esprit d’équipe. S’il n’est pas, pour lors, question d’amener le corps académique à ce genre d’exercice, la 5e journée annuelle de l’Ifres du 31 janvier intitulée “Faut-il former spécifiquement aux habiletés relationnelles ? Quand et comment ?” se présentera surtout comme un forum de réflexion. Elle laissera également la place à la valorisation de témoignages d’assistants et de chargés de cours, portant notamment sur le développement des soft skills dans le cadre d’un enseignement ou à travers les stages.
Impliquée dans un projet soft skills soutenu par l’Institution et qui implique Gembloux Agro-Bio Tech, HEC-ULg, les Sciences appliquées et la Fapse, l’unité de psychologie sociale des groupes et des organisations du Pr Jean-François Leroy exposera les origines du concept et sa traduction à partir du terrain. « Le fil rouge de la journée sera de cerner sa définition mais aussi d’aborder son “opérationnalisation”. Le rôle de l’Ifres est d’accompagner les enseignants de l’Institution dans le développement de la qualité de la formation, chacun d’entre eux restant maître du choix d’une méthodologie ou d’une stratégie. Nous nous limitons à l’accompagnement et à la suggestion. La nouvelle dimension institutionnelle de collégialité privilégie en outre des choix communs de groupes d’enseignants à la juxtaposition de cours. Il s’agit, à mon sens, d’une évolution pas simple mais riche pour l’étudiant qui reste notre cible définitive », complète Jean-Pierre Bourguignon.
Compétences transversales
Côté étudiants, justement, le besoin de ce qu’on qualifie également de compétences transversales se concrétise rapidement, même dans le marigot de la première expérience professionnelle. Alexandre, diplômé en Droit de l’ULg en 2011 et jeune avocat au barreau de Verviers, s’y frotte déjà : « Le sens de la communication doit être au plus vite mis en oeuvre. Beaucoup et souvent, avec les clients ; quand je plaide, quand je vais au palais... Si mes études m’ont certes appris une petite approche de la communication, je pense qu’il faudrait dupliquer certains examens, soit une partie orale et une partie écrite. Car quand on est juriste, on a besoin des deux. Il serait utile de constituer de plus petits groupes pour les travaux pratiques (casus) pour une participation active de chacun. Un peu à la namuroise ou comme à Maastricht. En ce qui concerne le leadership, c’est plus compliqué évidemment. Hormis encourager des activités extra-académiques, je ne vois pas trop... »
Fabrice Terlonge
Photo : Pressmaster - Fotolia.com
Faut-il former spécifiquement aux habiletés relationnelles ? Quand et comment ? Journée d’échanges et de débats organisée par l’Ifres, à la faculté de Droit (bât. B31), Sart-Tilman, 4000 Liège. Contacts : tél. 04.366.56.31, courriel e.nivart@ulg.ac.be, site www.ifres.ulg.ac.be/portail/contenu/119 |