Février 2012 /211
Le festival du film médical et de la santé veut percer en Wallonie
And the winner isPour partie, ImagéSanté est un rendez-vous cinématographique. Sans sa Croisette mais avec un festival qui, cette année, s’appuiera sur un réservoir record de quelque 350 films reçus internationalement, parmi lesquels La Médiathèque a sélectionné ceux concourant “en compétition” devant plusieurs jurys nationaux et internationaux. Les thématiques oscillent entre la santé mentale et l’éducation à la santé en passant par la médecine humanitaire, l’alimentation, la recherche ou le génie mécanique. ImagéSanté chapeaute toutefois, en-dehors du festival, un cycle mensuel de cinés-débats animés par des professionnels de l’ULg, en partenariat avec Les Grignoux (qui partagent avec le festival « l’idée que le cinéma doit influencer la société »). Lors des rendez-vous les plus récents, et bien que la notion de santé dans des films grand public soit parfois assez large, on aura pu voir De bon matin de Jean-Marc Moutout (bien-être en entreprise), Shame de Steve McQueen (addiction sexuelle), A Dangerous Method de David Cronenberg (psychanalyse) ou encore Contagion de Steven Soderbergh (pandémie virale), opus qui avait ainsi rassemblé le virologue Michel Moutschen, l’urgentiste Vincent D’Orio et le psychiatre Patrick Papart, lesquels discutaient respectivement de la propagation mondiale d’un virus, des plans catastrophes et des mouvements de masse.
Mais quiconque a déjà scruté, fasciné, le détail d’une intervention chirurgicale sait qu’ImagéSanté doit surtout ses lettres de noblesse aux retransmissions en direct d’interventions menées, depuis 1998, dans les blocs opératoires du CHU de Liège. Ces “directs”, qui sont le fleuron du festival, auront lieu à la fois dans les amphithéâtres du CHU et sur le web, en streaming. « Nous ne montrons aucun mouton à cinq pattes; ce sont des interventions de routine, destinées à un grand public en partie composé d’étudiants. C’est tantôt un cas d’ophtalmologie (une cure de cataracte, par exemple), tantôt d’orthopédie (le placement d’une prothèse du genou), tantôt encore de la chirurgie cardiaque. La plupart des disciplines sont couvertes. Trois ou quatre “live” sont ainsi retransmis en alternance. L’opérateur entend les questions qui lui sont posées par les spectateurs de l’auditoire et y répond », détaille Philippe Kolh. L’un des publics ciblés par cette manifestation est celui des étudiants : universitaires, mais également élèves du secondaire auxquels on souhaite montrer ce que l’Université développe dans les secteurs de la santé, de la recherche ainsi que – sur fond de pénurie de candidats en sciences appliquées – de la technologie. Mission éducativeCette édition du festival verra la projection en direct, au cinéma Sauvenière, d’une intervention neurochirurgicale menée par le Pr Didier Martin et commentée par le professeur et sénateur Jacques Brotchi. « La captation est réalisée via deux sources : une caméra d’ambiance et une caméra fixée à l’instrument (laparoscope, endoscope, etc). Pour des raisons déontologiques, le patient, consentant, est rendu anonyme », précise Philippe Kolh. Qui, en 2010, avait obtenu de son collègue ingénieur Jacques Verly la possibilité de concrétiser (bénévolement) l’exploit technique – pas répété en 2012 – d’une retransmission en 3D. « Il ne faut pas oublier que Liège est une ville d’images, qui gagnerait à stimuler ce secteur d’activité économique », avait d’ailleurs rappelé le Pr Verly dans notre édition de novembre.
Philippe Kolh ne cache pas son souhait de voir le festival ImagéSanté être rapidement réapproprié par la Cité ardente elle-même, dont il pourrait être le festival, à l’instar du festival du film francophone à Namur et du festival du film d’amour à Mons. « ImagéSanté s’implante de plus en plus durablement dans notre ville, aidé par l’université de Liège qui, aux côtés du CHU et de la province de Liège, en est l’un des moteurs. » Et son premier exportateur : outre que, notamment par le biais d’ImagéSanté, l’UL g pose un pied dans la ville de Verviers dont elle souhaite se rapprocher, elle profite également de sa récente fusion avec Gembloux Agro-Bio Tech qui rayonne sur le centre de la Wallonie. « Cela permet d’ élargir le public du festival au reste de la région. A terme, l’idée est bien d’en faire un festival unique en Fédération Wallonie-Bruxelles », glisse Eric Haubruge, vice-recteur de Gembloux Agro-Bio Tech. Implantation qui accueillera le 27 février, en guise de pré-festival, l’écrivaine belge Nadine Monfils ainsi que l’écrivain criminologue français (et crowd-mover) Stéphane Bourgoin, qui présentera dans l’Espace Senghor son propre documentaire (inédit chez nous) sur un serial killer américain. Il sera donc question, par le film une fois encore, de santé mentale. Patrick Camal
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