A l’initiative du département de gynécologie-obstétrique de l’UL g, un congrès réunissant toute la profession aura lieu les jeudi 22 et vendredi 23 mars prochains au Palais des congrès de Liège. L’occasion de faire le point sur la prise en charge des accouchements difficiles, l’évolution de la chirurgie, la sénologie, l’oncologie gynécologique ou l’endocrinologie de la reproduction. Le 23, le Dr Axelle Pintiaux présidera le matin une session consacrée à l’actualité hormonale. L’occasion aussi d’entendre un exposé sur le développement d’une nouvelle pilule contraceptive.
La “pilule” a été mise à la disposition des femmes à partir des années 1960, mais elle résulte de recherches menées dès les années 1920. A l’époque, en Autriche, le professeur de physiologie Ludwig Haberlandt avait démontré la possibilité d’inhiber l’ovulation chez la souris à partir d’extraits ovariens administrés par voie orale. Si les recherches de son équipe ont été interrompues par la Seconde Guerre mondiale, elles ont continué aux Etats-Unis avec l’extraction de la progestérone puis la synthèse de progestatifs, molécules clés dans l’inhibition centrale de l’ovulation. « C’est à partir d’androgènes que furent élaborés les premiers contraceptifs, explique le Dr Pintiaux. Mais, sous progestatif seul, les saignements sont le plus souvent irréguliers, imprévisibles et mal tolérés par les utilisatrices. Des estrogènes sont alors ajoutés afin d’obtenir un contrôle d u cycle permettant une utilisation confortable, aboutissant à un produit commercialisable. »
Les premiers estrogènes utilisés sont des molécules puissantes comme le mestranol et l’éthinylestradiol (EE). Cette dernière participe encore à la composition de la majorité des pilules contraceptives actuellement sur le marché. Il a fallu attendre les années 1970 et l’expansion de la pilule pour observer les effets secondaires indésirables : augmentation du risque de thrombose veineuse, d’embolie pulmonaire, d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral, et ce proportionnellement à la dose d’EE contenues dans ces préparations.
« La contraception hormonale va alors évoluer vers une réduction progressive du dosage en EE afin de diminuer les risques encourus », affirme la chercheuse. En 2009, une pilule au valérate d’estradiol évitant pour la première fois le recours à l’EE fit son apparition dans les pharmacies. Elle contient comme progestatif le diénogest et a nécessité, pour la maîtrise du cycle, l’utilisation d’un schéma multiphasique. « L’absence de l’EE de ces pilules permet d’éviter les effets hépatiques indésirables induits par cette puissante molécule qui favorise la thrombose, augmente la tension artérielle et la formation de lipides », précise le Dr Pintiaux.
Aujourd’hui, 50 ans après la mise en vente de la première pilule, la contraception orale franchit une nouvelle étape avec le remplacement de l’EE par de l’estradiol naturel. Depuis janvier 2012, une nouvelle combinaison contraceptive est disponible en Belgique. Elle associe l’estradiol à un progestatif puissant, l’acétate de nomégestrol, qui garantit non seulement l’efficacité contraceptivemais également un excellent contrôle du cycle en raison de ses propriétés particulières sur l’endomètre. Cette pilule monophasique est administrée selon un schéma de 24/4 (24 comprimés actifs et quatre comprimés de placebo constituant un cycle de 28 jours).
« Malgré les améliorations apportées depuis sa conception, la pilule contraceptive reste un médicament qui doit être prescrit de manière prudente, insiste le Dr Axelle Pintiaux. Il faut toujours évaluer les risques et les bénéfices après un examen clinique et un historique détaillé des antécédents familiaux et personnels de chaque patiente. » Si de nombreux marqueurs biologiques sont des indicateurs en faveur d’une sécurité améliorée, la surveillance au long cours de cette nouvelle famille de pilules est indispensable. Le bénéfice exact doit être évalué non seulement en termes de paramètres biologiques, mais en termes d’événements cliniques adverses.
Patricia Janssens
XIIIes Journées liégeoises de gynécologie-obstétriqueLes 22 et 23 mars, au Palais des congrès, esplanade de l’Europe, 4020 Liège. Contacts : renseignements et inscriptions, tél. 04.241.83.68, courriel barbara.deneumostier@chrcitadelle.be |