Mars 2012 /212
Un colloque à l’initiative du Centre d’études québécoisesEn dépit de la distance qui sépare la Wallonie du Québec, il existe bien des parentés entre ces deux régions du monde. Si la première a pu être qualifiée par Michelet – qui évoquait en fait Liège et Dinant – de “petite France de Meuse, aventurée si loin (…) dans ces rudes marches d’Allemagne” et la seconde de “Nouvelle-France” des bords du Saint-Laurent – voire de misérables “arpents de neige” selon le mot de Voltaire –, l’une et l’autre sont restées des bastions de langue française nichés dans des environnements où prévalent, ici, l’usage du néerlandais et de l’allemand et, là-bas, celui de l’anglais. Mais il est une similitude plus conjoncturelle celle-là. En 1995, en effet, ces contrées ont chacune vécu un moment historiquement important : alors qu’avait lieu la première élection directe du Parlement wallon, le second référendum portant sur la souveraineté de la Belle Province se soldait par un échec, à quelques milliers de voix près. « La contemporanéité de ces rendez-vous citoyens, remontant à un peu plus de 15 ans aujourd’hui, a été l’occasion pour le Centre d’études québécoises (CEQ) de l’université de Liège d’organiser un colloque international visant à faire le point sur l’évolution de ces entités fédérées aux pouvoirs législatifs devenus plus étendus et aux itinéraires à la fois semblables et dissemblables, précise d’emblée Min Reuchamps, chargé de recherches du FNRS et codirecteur du CEQ. Et ce, en étudiant l’ensemble de ces deux paysages politiques dans une perspective résolument comparée. » C’est que ces “nations minoritaires”, comme les désigne la littérature actuelle, vivent dans un contexte de régimes où différents niveaux d’autorité – local, provincial, fédéral – coexistent. En ce qui concerne les relations internationales, par exemple, l’Etat belge reconnaît la compétence de la Région wallonne, laquelle peut dès lors agir aussi bien en externe qu’en interne. Il n’en va pas de même au Québec, car le gouvernement fédéral du Canada estime que lui seul a le droit de parler et de décider à l’échelon supranational. Il est d’autres cas de figure qui, bien sûr, seront abordés le vendredi 23 mars : le premier constituera une piste de réflexion sur les principales similitudes et différences entre les processus de redéploiement identitaire ayant eu cours en Wallonie et au Québec, processus toujours en vigueur d’ailleurs. « Après cette entame consacrée à un parcours historique comparatif, poursuit Min Reuchamps, la journée se déploiera en plusieurs grandes étapes, toutes attachées à des points plus spécifiques mais où la confrontation entre les deux régions à l’honneur demeurera de mise. Ainsi seront successivement examinés, de part et d’autre, les partis politiques, les parlementaires (avec leurs programmes et leurs carrières respectives), les administrations publiques, les diverses politiques (socio-économiques, linguistiques et internationales). Jusqu’à ce que, in fine, soit envisagé l’avenir du Québec et de la Wallonie. » Vaste question, on en conviendra, et ne manquant certainement pas d’intérêt. D’où la volonté des organisateurs du colloque de faire appel aux meilleurs spécialistes, tant du Canada que de Belgique, de cette double question d’actualité. Henri Deleersnijder
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