Le développement de projets verts, à la croisée du développement durable et de la mobilité urbaine, est plus que jamais dans l’air du temps. La preuve, s’il fallait encore en donner une, avec le vélo électrique urbain, louable à la manière d’un “super Vélib”. Ses concepteurs, une équipe multidisciplinaire de quatre étudiants liégeois en partie issus de l’ULg, l’ont sobrement appellé urbike. Ilsviennent d’être récompensés, à l’occasion d’un congrès sur l’innovation et le transfert de technologies entre les universités et les entreprises,d’un prix de 8000 euros décerné par la prestigieuse Belgium Industrial Research & Development (BIR&D), association de groupes internationaux engagés dans la R&D en Belgique.
En 2010, une équipe liégeoise rassemblant l’université de Liège et la plateforme automobile IdéeCampus (dont l’ULg est un partenaire) propose à la BIR&D d’envisager les aspects techniques, marketing, esthétiques et commerciaux d’un vélo électrique destiné à faciliter la mobilité urbaine. « Celle-ci est l’un des axes forts de la collaboration de longue date entre le Campus automobile et l’ULg, notamment en matière de ‘‘sustainable automotive technology’’, c’est-à-dire la propulsion propre et alternative », relève Pierre Duysinx, professeur d’ingénierie des véhicules terrestres.
Le projet liégeois bénéficie d’emblée d’un fonds de 8000 euros. Maxime Pastourel est alors designer (Saint-Luc), Angello Anello ingénieur électromécanicien (UL g), Nicolas Braham ingénieur commercial (HEC-ULg) et Ferdi Erden informaticien (ULg). Sur papier, il s’agit dans un premier temps de conceptualiser le véhicule – son poids, son type de batterie, la complexité informatique du système de paiement et de réservation, la conception des bornes de rechargement aux alentours des gares de train et de bus –, mais aussi le business plan du projet et de sa commercialisation : « Nous voulions retirer la voiture des centres urbains. » Etudié pour réaliser en priorité une économie d’énergie, l’urbike (dont la propriété intellectuelle revient de plein droit au Campus automobile) allie acier inoxydable, aluminium et plastiques, se déplace à 25 km/h et est entièrement caréné, épargnant ainsi à l’utilisateur de s’harnacher d’un casque et de vêtements de pluie.
Rapidement, l’étude préliminaire se matérialise en un prototype tangible doublé d’une dizaine de bornes. « Il fallait savoir si, physiquement, cet urbike serait manipulable. Et force est de constater que le résultat a été extrêmement satisfaisant : si le processus obligatoire d’homologation de ce véhicule risque d’être un lourd frein à sa commercialisation (il resterait, par ailleurs, à trouver une société capable d’assurer sa maintenance), les bornes seront, en revanche, très probablement commercialisées dans un avenir proche. Mais au bénéfice d’autres véhicules », nuance Pierre Duysinx, qui envisage d’ores et déjà de soumettre, en 2012, un nouveau projet à la BIR&D. Et le Pr Pierre Duysinx de promettre : « Nous lancerons cette fois des ponts par-dessus la frontière linguistique en collaborant avec un partenaire flamand. »
Patrick Camal