Versant une larme au crépuscule de la sarabande des “Saints”, qui se déroule pour la toute dernière fois sous le traditionnel chapiteau planté au Val-Benoît*, les esprits gouailleurs n’auront peut-être pas eu vent de cette autre “Saint”, postérieure au calendrier de l’Agel. Consacrée aux assuétudes et chapeautée par le service qualité de vie des étudiants, la “Saint QV” consistera en une journée de sensibilisation à l’usage problématique des drogues et de l’alcool. Il y sera également question d’internet et des jeux vidéo.
Les milliers d’étudiants qui prendront part aux événements festifs et bibitifs liés au folklore estudiantin ne sont évidemment pas tous en proie à un comportement critique par rapport aux drogues douces et aux diverses potions alcoolisées. La table ronde des étudiants qui se tiendra dès l’ouverture de la journée, à la salle de lecture des grands amphithéâtres du Sart-Tilman (bât. B7a) ira dans le sens d’une réflexion à mener sur de nouvelles actions à mettre en place pour sensibiliser à la consommation responsable et créer des synergies pouvant faire naître ou évoluer des projets. Il s’agira aussi de discuter avec les étudiants responsables de l’organisation d’événements pour cerner leurs éventuels besoins en matière de formations (secourisme, réduction des risques en milieu festif, etc.). Cette table ronde réunira les divers acteurs que sont les (représentants) étudiants, les autorités, des scientifiques spécialisés dans le domaine ou des membres des services d’encadrement.
Mais parce que la réflexion ne peut constituer la seule et unique réponse, une charte résultant d’une concertation entre les comités de baptême sera signée dans l’enfilade. Elle a notamment pour objectif “d’assurer que la tradition du baptême étudiant s’inscrit dans un cadre organisé et structuré, respectueux de la liberté individuelle et de la sécurité de tous”. En clair, il s’agit de s’engager davantage dans la sécurité pour toutes les activités ayant trait aux baptêmes et, plus globalement, aux guindailles étudiantes.
« Ce dont je vais parler fait aussi référence à l’époque où je participais à des guindailles dans le Carré, pour montrer comment on peut être influençable », commente le Pr Benoît Dardenne, directeur du service de psychologie sociale. Invité à intervenir lors de la Saint QV sur la question du libre arbitre et de la rationalité dans nos comportements et décisions, il (dé)montrera que ceux-ci sont sous l’influence de multiples facteurs se situant en dehors de notre contrôle. « Depuis des siècles, dans la lignée de la pensée de philosophes du Moyen Age et de la Renaissance, nous aimons nous voir comme des êtres indépendants. Or, la recherche actuelle en psychologie montre que nos choix sont influencés par le contexte physique et social. »
Et de prendre en exemple une étude réalisée par Adrian North en 1997 et publiée dans Nature, montrant que selon que l’on diffuse de la musique allemande ou française dans un supermarché, le choix du client en matière de vins s’oriente vers des bouteilles issues du pays dont il entend la musique dans les haut-parleurs. Autre exemple, sur base d’une illusion de perception découverte en… 1865 par Joseph Duboeuf, jadis professeur à l’UL g : plus les assiettes sont grandes, plus on ingurgite de nourriture. Et pour conserver le sourire par delà la gravité du thème des assuétudes, Benoît Dardenne nous expliquera également (en illustration du contexte social) pourquoi il vaut toujours mieux partager sa table avec un homme si l’on souhaite rester raisonnable en termes de calories. Explication le 27 mars.
F.T.
* Avec pour point d’orgue la Saint-Torè du 19 au 21 mars.
Programme complet de la journée sur le site www.ulg.ac.be/saintqv