Il ne s’agit pas d’une révolution, mais plutôt d’une affirmation de la réalité d’une évolution. Le 27 mars, l’ensemble des comités de baptême de l’UL g, ou apparentés, signaient de conserve une charte “baptême” visant à affirmer que la tradition du baptême étudiant s’inscrit dans un cadre organisé et structuré, respectueux de la liberté individuelle et de la sécurité de tous. Il est cependant difficile de voir naître un tel document sans supputer qu’une certaine anarchie prévalait auparavant. Pourtant, « il n’y a rien de véritablement neuf, assure Xavier Claessens, l’un des actuels co-présidents de l’Association générale des étudiants liégeois (Agel). L’ensemble des points repris dans la charte étaient déjà appliqués par tous les comités. Mais la presse s’étant fait le relais d’incidents et d’accidents évidemment malheureux survenus dans le cadre plus ou moins large des fêtes estudiantines, le principe des baptêmes a de nouveau été mis sur la table comme une problématique. Il nous fallait donc réagir et rassurer publiquement. » Et aussi d’anticiper avant d’éventuels problèmes, comme le dit Emilie Detaille, la présidente de la Fédé.
Cette dernière association, représentant les étudiants liégeois, a d’ailleurs participé à l’élaboration de la charte. Depuis la création de la Plateforme étudiante, pas mal de structures étudiantes ont en effet pris le parti de se décloisonner dans l’optique d’accroître l’efficacité de certaines actions touchant, en fin de compte, l’ensemble des étudiants. Mais dans la mesure où les activités de la Fédé ne sont pas directement en lien avec le folklore, l’asbl logée en face du bâtiment de la place du 20-Août ne fait pas partie des signataires. Le résultat est donc le fruit d’un consensus et d’une gestation d’un an entre l’Agel, la Générale des vétés et Gembloux. « Il n’y avait aucun désaccord sur les principaux points du texte rédigé par l’ancien bureau. Il était juste question de tournures de phrases et de corrections orthographiques », relate Xavier. De comité en comité, le contenu est également passé par le service Qualité de vie étudiante de l’ULg qui a contribué à la mise sur papier.
Souvent montrée comme une épine dans la chaussure folklorique, la société générale des étudiants en médecine vétérinaire (SGEVM ), historiquement très bien ancrée, a signé des deux mains. Romain Martin, son président, l’approuve d’ailleurs sans ambages : « Il ne s’agit que de la confirmation de ce que l’on faisait déjà. Notre convention parrainage évoquait déjà la sécurité des “bleus” (ndlr : les futurs baptisés). Il faut savoir que nos parrains sont tous issus des dernières années d’études et que les bleus sont davantage pris en charge que dans les autres comités de baptême: ils sont logés, conduits, nourris… et aussi évidemment abreuvés. C’est un fameux budget pour les parrains et marraines et les services de lift nous coûtent 2500 euros chaque année. Des alcootests sont utilisés à la sortie des activités où l’on boit de l’alcool et, cette année, on va organiser une formation en secourisme pour les parrains. » Et de relever que les mentalités ont bien évolué depuis deux ans, en ce qui concerne les distinctions de traitement qui étaient parfois encore réservées aux non-baptisés.
Que trouve-ton concrètement dans la charte ? Le libre choix de l’étudiant, la non-discrimination, la dignité et la sécurité y figurent évidemment en bonne place. D’autres questions plus pragmatiques s’y retrouvent également, telles que la limitation des nuisances sonores et le nettoyage des infrastructures utilisées. On y mentionne, par exemple, le rôle du carnet des bleus stipulant des remarques sur leur santé et la responsabilité de leurs “encadrants” qui s’engagent également à rester sobres pendant les bleusailles. Il s’agit aussi de la mise en place d’un organe d’évaluation et de recours qui se réunit au moins une fois par an et de la définition même du baptême. Car cela reste un contexte favorable pour faire des rencontres, tisser des liens intra ou interfacultaires mais aussi « pour découvrir le folklore d’une manière sécurisée. Je me souviens d’un étudiant qui avait perdu sa chaussure après une bleusaille et qui a dû assister aux cours en pantoufles. C’est un peu comme un jeu de rôles auquel d’autres ont joué avant moi», conclut Xavier Claessens.
F.T.
Photo : Fabrice Terlonge