C’est l’histoire d’une compétence dont on ne sait plus très bien aujourd’hui qui veut ou peut la mettre en oeuvre. La coopération universitaire au développement est mixte : associée à la politique de coopération belge au développement, elle est fédérale et, à ce titre, largement financée par l’Etat ; mise en oeuvre avec les universités et partiellement financée par elles également, elle est liée aux Communautés. Mais le gouvernement fédéral, dans son dernier ajustement budgétaire, a déclaré cette compétence “usurpée” : il ne devrait pas la financer car elle relèverait des seules Communautés. Une interprétation que contestent les acteurs de la coopération universitaire au développement. Et qui les place en très mauvaise posture : qui va assumer demain les 65 millions d’euros que le fédéral investissait ? Les Communautés vont-elles prendre le relais ? Intégralement ? Au Nord comme au Sud, de la Belgique ? Bien des questions se posent à ce sujet et le flou règne dans l’attente d’une réunion du comité interministériel du budget, au sein duquel les différentes entités doivent se concerter.
A l’heure d’écrire ces lignes, cette réunion devrait avoir eu lieu. Y aura-t-il eu une décision ? En attendant, la CUD, la coopération universitaire au développement gérée par le CIUF du côté francophone, rappelait opportunément, lors d’une conférence de presse le 21 mars, que tous ses moyens sont déjà gelés par le fédéral depuis janvier de cette année ! Nonobstant de savoir qui prendra demain en charge financièrement la compétence, c’est dès maintenant que la coopération universitaire est menacée, que des emplois vont être perdus et des projets arrêtés. C’est pourquoi c’est de la colère, un sentiment de tristesse et de surprise (La Libre Belgique, 22/03) qu’ont exprimé les représentants de la CUD lors de cette conférence de presse présidée par le recteur Bernard Rentier en tant que président du CIUF. Réagissant à la prise de position de la CUD, Paul Magnette, ministre fédéral en charge de la Coopération, se voulait pourtant rassurant à la tribune de la Chambre : Le fédéral ne cessera de financer que s’il y a un accord entre Communautés et Régions. Je veux rassurer les acteurs de la coopération : mon administration a mandat de continuer à payer aussi longtemps qu’il n’y a pas accord sur l’ensemble des compétences (La Libre Belgique).
La liste des “compétences usurpées” est en réalité une pomme de discorde entre les niveaux de pouvoir. Le ministre-président flamand a fait monter la pression en déclarant que cette liste pouvait être déchirée et qu’il n’était plus nécessaire d’y faire référence (Le Soir, 22/03). Prônant bien souvent la “bonne gouvernance” dans les projets qu’ils soutiennent, les responsables de la CUD ont aujourd’hui bien du mal à expliquer ce qu’il se passe en Belgique à leurs partenaires du Sud… Ils clament leur désarroi à travers une pétition qui, fin mars, a déjà recueilli près de 7000 signatures (http://11209.lapetition.be).
D.M.