Mai 2012 /214
Mai 2012 /214
TypeArt

Concours cinéma

Tel un conte pour enfants, I Wish est un film simple, naïf et pourtant très intelligent. Interrogeant timidement le monde moderne, la communication et la technologie, le nouveau chef-d’oeuvre de Hirokazu Kore-Eda semble trouver dans l’enfance le regard approprié : l’histoire de deux jeunes frères qui tentent de se retrouver malgré la séparation de leurs parents. Situés dans deux régions différentes de l’île de Kyushu au Japon, Koichi et Ryunosuke s’appellent régulièrement, pour simplement rire ou échanger quelques nouvelles. Grave et posé, Koichi est un petit philosophe, et il a des idées derrière la tête : il veut reconstruire la famille, alors que son petit frère Ruynosuke, constamment amusé et amusant, est plutôt fuyant et peu préoccupé par le destin, bien qu’il observe chaque matin l’évolution des plantes qu’il fait grandir dans son jardin.

En insistant surtout sur le portrait de Koichi, et en faisant silencieusement évoluer la mentalité de ce jeune garçon téméraire, le cinéaste prend petit à petit position dans l’idée qu’il se fait de la famille. Ce n’est que par le léger contraste entre ces deux frères qu’il peut poser les termes du débat : la force de la naïveté enfantine est qu’elle parvient à rendre fascinante une proposition tellement évidente qu’on l’avait omise ; chacun des enfants va, dans cet espace, trouver son terrain d’expression. C’est précisément sur ces petits gestes et questionnements que le film se construit, devenant une quête où ce qui compte surtout, c’est moins la rencontre que la course. Voilà pourtant qu’on annonce l’ouverture d’une ligne TGV entre les deux régions de l’île. Au lieu d’y voir un moyen moderne de transport qui permette de réduire virtuellement la distance qui les sépare, ces gamins troublent l’attente du spectateur et font circuler une rumeur selon laquelle le lieu où deux TGV se croisent serait magique : il suffirait de s’y rendre, d’y formuler un voeu pour que celui-ci soit réalisé.

Animés d’une ferveur et d’un projet commun – pensé et un peu forcé par le frère aîné –, les deux frères décident de se retrouver en ce lieu de croisement, et d’y espérer la reconstitution de leur famille. Accompagnés de leurs camarades, les voilà embarqués dans ce voyage, oubliant le travail du temps, et omettant la capacité insidieuse du cheminement à détourner les projets. En le paraphrasant, I Wish pourrait dire, avec Proust, que « nous n’arrivons pas à changer les choses selon nos voeux, mais que peu à peu nos voeux changent ». C’est probablement cela, selon Hirokazu Kore-Eda, le secret des voeux : leur performativité, et donc aussi leur spontanéité. Cogitant sur le sens de la famille, l’enfant revient alors chez lui en courant : « Au fait papa, c’est quoi le monde ? »

Abdelhamid Mahfoud

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’asbl Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 23 mai de 10 à 10h30 et de répondre à la question suivante : Hirokazu Kore-Eda définit son film I Wish, nos voeux secrets comme le parfait contretype d’un autre film qu’il a réalisé. De quel film s’agit-il ?

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