« Pendant ce temps-là, on a fêté et étudié à la fois. Mais les deux très fort ! » Ils avaient dépassé la vingtaine lors de leur séjour à l’université de Liège. Les voilà tous maintenant en route vers la cinquantaine. Alors que l’European Region Action Scheme for the Mobility of University Students (tout de même plus connu sous le nom de “programme Erasmus”) fête ses 25 ans d’existence, un groupe d’une vingtaine d’anciens étudiants étrangers célébrait le 20e anniversaire de leurs annuelles retrouvailles – depuis leur séjour liégeois en échange étudiants – en 1992.
Jusqu’alors sans précédent, l’initiative semble avoir autant surpris que réjoui les responsables du service des relations internationales qui ne s’attendaient pas à voir débarquer une bande aussi sympathique et primesautière. Conjoints, enfants et amis gonflaient, en outre, les rangs de ce “Nostalgy Erasmus Tour” dont la raison d’être se nourrit également de l’envie de cultiver ces valeurs communes que sont les voyages, la culture et la sublimation d’une Europe forte de toutes ses nationalités. « Nos enfants connaissent déjà une autre Europe », observe Myriam, biochimiste qui vit maintenant en Espagne avec son mari Ion, attablé un peu plus loin. Elle avait d’ailleurs rencontré son futur époux sur les bancs de l’ULg pendant son séjour Erasmus, alors que lui bénéficiait d’une bourse au Centre wallon de la biotechnologie industrielle. « Nous sommes les témoins de la complémentarité des caractères liés à chaque pays. Lorsque l’on organise des fêtes au sein de notre groupe d’anciens Erasmus, les Français s’occupent de l’organisation générale, les Allemands gèrent l’intendance et les Espagnols sont aux fourneaux. » Ou comment transformer en atouts les clichés collant à chaque nationalité…
Si, pour l’occasion, l’Alma mater avait donc mobilisé un comité d’accueil et un gâteau d’anniversaire chez “Jacques et Laurent“, la ribambelle mise à l’honneur n’a tout de même pas versé dans l’orphéonique. Brailler son amour de la bière et de la sangria devant sa progéniture, ça fait mauvais genre. Et puis, nonobstant l’évidente convivialité qui semble l’animer, l’aréopage ne donne franchement pas l’impression d’avoir exploré les limites de l’excès. Pourtant, Werner, juge à la cour d’appel de Dresde, se souvient que son séjour en droit européen – « très à la mode, à l’époque » à son université de Ratisbonne – contenait déjà les ingrédients de base de la formule Erasmus. « J’étais l’un des premiers étudiants de mon université à débarquer à Liège. C’était très facile et bien organisé. D’autant que nos places étaient réservées aux homes du Sart-Tilman. Les baptêmes estudiantins furent une découverte pour moi. Tout comme la manière d’étudier que je trouvais un peu plus scolaire à Liège et un peu moins scientifique qu’en Allemagne », se remémore celui qui est aujourd’hui papa de deux enfants de 11 et 16 ans. Autres changements pour Myriam : « En Espagne, pas besoin de bien s’habiller pour les examens. D’ailleurs, les oraux n’existent pas, de façon à conserver une trace écrite de chaque évaluation. »
Dans le groupe aux multiples nationalités qui se retrouve chaque année à un endroit différent (Lyon, Salamanca, Regensburg, Lisbonne, Palma, etc.), on ne dénombre aucun Belge. « C’est parce que les liens étaient plus forts entre les expatriés », estime Myriam. Peut-être faisaient-ils alors un peu aussi figure d’extra-terrestres ? A l’époque, ils étaient 160 en tout… contre 781 pour cette année académique 2011-2012. Reste que la pratique de la langue française se montre maintenant davantage utile lors de voyages ou de rencontres avec des amis que dans un contexte professionnel. Pour leur vingtième rendez-vous, Liège était donc l’occasion d’un retour aux sources, mais peut-être aussi aux réalités du contexte politique et économique européen.
F.T.
Voir le site webtv.ulg.ac.be/Erasmus20