Un nouveau festival littéraire verra le jour à Liège, en octobre prochain. Ses organisateurs, les départements de langues et littératures modernes et romanes de l’ULg, l’ont nommé “Mixed Zone”, tel l’espace où athlètes et journalistes se rencontrent lors des compétitions sportives. Car le festival se veut un lieu de rencontres et d’échanges autour de la littérature internationale. « L’idée était d’inviter à Liège des auteurs qui écrivent dans les langues enseignées à l’ULg : le français, le néerlandais, l’anglais, l’allemand, l’italien, l’espagnol et le japonais », précise Céline Letawe, chargée de cours en traduction allemand-français.
Traduction, interprétation ?
Le festival se déroulera les 4, 5 et 6 octobre, à l’ULg et en d’autres lieux à Liège. La première journée sera consacrée à la traduction – l’ULg, pour rappel, a ouvert il y a quatre ans un master en traduction et interprétariat, en codiplomation avec la Haute Ecole de la Ville de Liège (HEL). Des traducteurs participeront à un atelier suivi d’une table ronde, parmi lesquels Hélène Morita (traductrice en France de Haruki Murakami, star de la littérature japonaise) et Elly Schippers (qui a traduit en néerlandais le dramaturge et écrivain viennois Arthur Schnitzler, dont on célèbre cette année le 150e anniversaire de la naissance).
Dans le cadre du master ULg-HEL, les étudiants en langue allemande ont traduit en français le début du dernier roman d’une autre invitée du festival, l’écrivaine allemande Felicitas Hoppe. Cette Berlinoise vient de décrocher le prix Georg Büchner, la plus haute distinction de la littérature allemande, qu’elle recevra peu après son passage à Liège. Le 6 octobre aura lieu une lecture bilingue de ses textes par elle-même et les étudiants qui l’ont traduite. « Felicitas Hoppe est une écrivaine un peu décalée et pleine d’humour, jouant avec les limites de l’autofiction ; elle n’est pas vraiment représentative de la littérature allemande contemporaine, qui est plutôt sombre », dit d’elle Céline Letawe.
Autre rencontre à ne pas rater, avec l’écrivain français Laurent Mauvignier, le 5 octobre. En un peu plus d’une décennie, cet auteur publié aux Editions de Minuit, apprécié de la critique la plus exigeante et maintes fois primé, s’est fait un nom sur la scène littéraire, avec une oeuvre construite autour de drames intimes (suicide, rupture amoureuse) ou collectifs (catastrophe du Heysel, guerre d’Algérie). « Il compte déjà et comptera de plus en plus dans la littérature française, affirme Sarah Sindaco, chercheuse FWO à l'université de Gand. Il renoue avec de vrais personnages romanesques et se confronte à travers eux à la complexité irréductible du monde.»
Lectures et rencontres
Parmi les invités, citons aussi le romancier, poète, essayiste mais aussi cinéaste Iain Sinclair, l’une des grandes figures de la littérature britannique actuelle, Alessandro Barbero, historien et écrivain italien, David Toscana, auteur mexicain, et Hafid Bouazza, écrivain marocain vivant aux Pays-Bas. « Nous voulions avoir des auteurs qui traitent des problématiques multiculturelles et identitaires et Bouazza est un représentant de ce courant dans la littérature néerlandaise contemporaine », précise Laurent Rasier, chargé de cours en traduction néerlandais-français. Le 5 octobre, du reste, les écrivains invités participeront, en compagnie d’un éditeur (Jan Baetens), d’une traductrice (Emmanuèle Sandron), d’un libraire (Olivier Verschueren) et d’un chercheur en littérature de l’ULg (le Pr Jacques Dubois), à un débat public sur le thème : “La littérature par-delà les frontières ?”
Enfin, la première édition de “Mixed Zone” se clôturera par une lecture/spectacle proposée par la compagnie française Awa (Et ce n’était pas qu’on allait quelque part, d’après DreamHaïti de l’écrivain caribéen Kamau Brathwaite), le 6 octobre, à la salle de théâtre du TURLg.
Eddy Lambert
Informations sur le site www.mixedzone.ulg.ac.be