Mobile Home
Un film de François Pirot, Belgique, 2012.
Avec Arthur Dupont, Guillaume Gouix, Jackie Berroyer.
A voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière.
Faisant entrer en résonnance l’errance physique et psychologique des personnages, le film de François Pirot prend les airs d’un road movie un peu particulier, terrestre et aérien à la fois, maniant la gravité avec une gracieuse légèreté. Et l’illusion ne dure pas longtemps ; si voyage il y a, il s’agit avant tout d’une expédition vers des voies nouvelles de soi. Le récit se contentera alors de rendre compte d’un départ sans cesse différé, d’un périple qui s’embourbe (littéralement) ou s’enracine (profondément) plus qu’il ne décolle. Julien et Simon, bloqués à leur point de départ, ne parviendront au final qu’à déraciner (péniblement) des sapins à la chaîne, pour rembourser les premiers frais imprévus. Lorgnant vers la ligne de l’horizon, les voici irrémédiablement ramenés les pieds sur terre, la tête dans le sol, contraints à un amour forcé avec la terre.
Cet amour de la terre semble s’être emparé de la caméra elle-même lorsqu’elle embrasse des contrées ardennaises souvent à l’honneur dans la production récente, bien qu’alors habitées par des personnages qui ne font généralement que les traverser. Coincé entre road movie (supposé regarder dans le rétroviseur) et western (supposé chevaucher vers l’avant), Mobile Home emprunte cependant à chacun ce goût partagé pour le plan large et le hors-champ. Ils s’offrent ici à la fois comme aération et humour à contretemps. Truffé d’une bienveillante ironie, le film ne se prive pas d’effets comiques reposant sur le décalage (parfois trop répété) entre le dedans et le dehors, le proche et le lointain, où le plan qui suit, plus large et englobant, vient contredire la parole de ses personnages et offre un délicieux contraste entre verbe fier et réalité modeste.
Parce qu’il se heurte à des barrières, le voyageur est renvoyé vers sa propre condition essentielle, celle d’un pauvre cow-boy solitaire s’éloignant sur son fier destrier, à peine jauni par les années.
Renaud Grigoletto
Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 19 septembre de 10 à 10h30 et de répondre à la question suivante : quel groupe liégeois a notamment participé à la bande originale du film ?