“D’une façon générale, la voie du guerrier est l’acceptation de la mort.” Qui donc oserait faire sienne cette objurgation ciselée d’aquabonisme morbide ? Il semble donc évident que les futurs élèves des cours de self-défense mis sur pied cette année pour les étudiants se tourneront plus volontiers vers un autre proverbe martial du même Morihei Ueshiba (célèbre maître samouraï japonais) : “On gagne une bataille en connaissant le rythme de l’ennemi et en utilisant un rythme auquel il ne s’attendait pas.” C’est là tout l’esprit qui soustend les modules d’initiation à la self-défense proposés par le RCAE à l’entame de cette nouvelle année académique. Ne pas former des guerriers ninjas en dix leçons, mais apprendre les bons réflexes afin de réagir le plus efficacement possible lors d’une agression physique. Une initiative semblable a déjà été prise aux Facultés de Namur, suite à une série d’actes violents.
« Mieux vaut prévenir que guérir, postule donc Aurore Berhin, au service qualité de vie des étudiants, d’où a émané la demande pour une telle formation. Cela s’inscrit dans le cadre général du bien-être dont les étudiants ont besoin sur le campus pour réussir leur projet d’études, dans les meilleures conditions possibles. C’est ainsi que nous organisons dans le même esprit, une formation aux premiers secours en collaboration avec la Croix-Rouge. » Aucune sollicitation particulière n’avait été formulée par contre du côté des associations étudiantes. Si les 20 places disponibles par module ne sont pas prises d’assaut par lesdits étudiants – dans ce cas-ci strictement prioritaires –, cela laissera peut-être la possibilité à quelques membres du personnel de s’y adjoindre.
En dix cours d’une heure et demie, les élèves apprendront les ficelles inspirées des techniques de jiu-jitsu et de vovinam viêt vo dao leur permettant de réagir face à une agression à mains nues ou armée. Attitude, évitement, stabilité et position seront les maîtres-mots de la première salve d’initiation où sera démontrée l’importance du maintien de sa stabilité dans une confrontation pour désamorcer l’agressivité éventuelle, avant que l’accent ne soit mis sur des techniques simples mais efficaces permettant de maîtriser l’agresseur ou de fuir en toute sécurité. L’utilisation d’armes improvisées à partir d’objets usuels (parapluie, sac, clefs, etc.) sera également abordée.
Ce n’est que lors du module d’approfondissement que la question des armes utilisées par l’agresseur sera envisagée. « Mais il est utopique de penser que l’on peut désarmer son adversaire, prévient d’emblée Huu-Dai Le, moniteur de viêt vo dao auprès de certains services de police. Des experts en krav-maga (ndlr : méthode de combat de l’armée israélienne cruellement efficace) ont été testés lors de mises en situation avec des couteaux factices enduits de craie. Cela a permis de démontrer qu’ils étaient tous virtuellement lacérés en dépit de leurs techniques ! » Alors, la seule technique consisterait-elle à morigéner son adversaire avant de prendre ses jambes à son cou ? « Il s’agit de reprendre de la distance, de mettre un obstacle entre soi et son agresseur, poursuit le formateur. Le module d’initiation est court, c’est vrai. Mais l’on peut y apprendre à changer la perception de ses propres forces et à se défendre par rapport aux types d’agressions les plus fréquents, comme lors d’un étranglement en cas de tentative de viol, par exemple. »
Côté tenue, inutile de dévaliser un magasin d’arts martiaux ou de se munir d’un arsenal, même s’il est question de tenue sportive. Tout se passera sans chichis, pieds nus, sur les tapis du gymnase n°2, aux Centres sportifs du Sart-Tilman.
Fabrice Terlonge
Salon des sports à l’ULg (RCAE) Lundi 1er octobre, de 18 à 22h, aux Centres sportifs du Sart-Tilman (bât. B14), 4000 Liège. Contacts : tél. 04.366.39.34, courriel rcae@ulg.ac.be, site www.rcae.ulg.ac.be |