Dans une maison de rêves, un gala Verdi

Bonne nouvelle : le Théâtre royal de Liège, en restauration depuis trois ans, est rouvert au public depuis le 21 septembre. Entièrement rénové, il a maintenant sa place parmi les plus modernes d’Europe.

L’édifice a retrouvé le beau néo-classique voulu par l’architecte Auguste Duckers en 1820. Plusieurs travaux d’aménagement et d’agrandissement ont été réalisés depuis lors, notamment en 1860 quand l’architecte Julien-Etienne Rémont transforme la salle dans un style Second Empire. Au fil du temps également, des installations
de techniques nouvelles furent opérées (gaz, électricité, chauffage central, etc.), mais ces multiples ajouts successifs, dictés par les nécessités du moment, ont participé de la perte de la cohérence globale de l’ensemble, tant au niveau esthétique que technique. Détail : le fronton n’a été apposé qu’en 1930.

En 2003, les autorités de la ville de Liège ont décidé de restaurer le bâtiment. D’emblée, la démarche des architectes (Yves Jacques - Architectes associés) a eu une double ambition : celle de revenir au théâtre originel de 1820 tout en inscrivant le bâtiment dans le contexte du XXIe siècle naissant, au travers des volumes représentatifs de l’Opéra, la cage de scène et la salle, lesquelles avaient au fil du temps perdu leur caractère expressif. L’intervention à l’extérieur s’est ainsi opérée dans le strict respect des parties historiques. «Nous avons proposé de traiter de manière neutre et contemporaine la nouvelle construction parallélépipédique érigée audessus de la salle et de la scène. Le claustra, réalisé en aluminium de couleur cuivrée, qui l’entoure à la manière d’un nuage a pour but d’unifier et d’alléger l’ensemble », explique Yves Jacques. D’emblée aussi, la restauration intérieure n’a eu de cesse “de retrouver l’éclat des espaces de représentation dans leurs dispositions conçues par l’architecte Rémont”*.

Le critère acoustique s’est imposé naturellement comme fil rouge de la rénovation. C’est d’ailleurs sur les conseils de l’acousticien Daniel Commins que le projet fut conçu. L’enveloppe du bâtiment est en effet étudiée pour isoler les locaux de répétition et de spectacle des bruits externes et internes. La fosse d’orchestre a entièrement été redessinée pour permettre une bonne diffusion du son vers la salle et assurer un bon équilibre entre le chant et l’orchestre. La salle a été repensée de manière à assurer une écoute de qualité à tous les spectateurs, l’ancien tapis plain du parterre est remplacé par du parquet, les parois en panneaux légers par des parois de plâtre ; le profil des plafonds des balcons a également été redessiné. Mieux : le revêtement et la structure des sièges ont été étudiés de manière à restituer lors des répétitions l’impression acoustique d’une salle pleine…

C’est dans ce “nouveau” décor qu’auront lieu, les 13 et 14 octobre, deux concerts exceptionnels “Gala Verdi” reprenant des extraits des opéras du grand compositeur italien.

Pa.J.

* Frédéric Marchesani (dir), Le Théâtre de Liège - du Théâtre royal à l’Opéra royal de Wallonie, Institut du patrimoine wallon (IPW), Namur, 2012. Composé en trois parties, l’ouvrage envisage dans un premier temps l’évolution de la construction du bâtiment, de la genèse de son édification en 1816 jusqu’aux dernières grandes interventions des années 1970. Une deuxième partie s’attarde sur le chantier de restauration, de modernisation et d’agrandissement mené entre 2010 et 2012. La troisième partie, quant à elle, est consacrée à l’histoire du Théâtre royal en tant qu’institution.