Octobre 2012 /217
Octobre 2012 /217
TypeArt

Concours cinéma

Quelques heures de printemps

Un film de Stéphane Brizé, 2012.
Avec Vincent Lindon, Hélène Vincent, Emmanuelle Seigner.
A voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière.

La relation qu’entretient une mère avec son fils, aussi absolue soit-elle, ne peut se départir de cette parcelle infime d’ambiguïté : elle est le lieu d’un amour où la proximité de l’affection peut laisser place, parfois, à l’étouffement des sentiments. A 48 ans, Alain Evrard doit retrouver un second souffle. Passé par la case prison, il laisse ses camarades de cellule derrière lui ; une cohabitation tout aussi forcée l’attend avec sa propre mère, atteinte d’une maladie incurable. Il est parfois, pour certains, aussi difficile de réintégrer la société qu’une cellule familiale éclatée et malmenée par les surgissements du passé.

Stéphane Brizé signe avec Quelques heures de printemps une variation habile sur l’éternelle incommunicabilité entre les êtres et leur disposition maladroite à exprimer leurs sentiments. Ce passé, il y existe dans l’abîme, et ses traces dans l’ellipse. Le film commence en effet, sous couvert d’un générique sur fond noir, avec les paroles routinières d’un gardien de prison pris dans la procédure de libération du détenu. La mise en scène précise et détaillée qui va suivre confine à l’enfermement, rappelant vaguement celui du pénitencier qui ne sera jamais montré. La maison, théâtre de ces tensions, contraint le cadrage à se resserrer, chaque entrebâillement devenant le contour délicat de l’action filmée ; la proximité des personnages devient également celle du spectateur, qui étouffe (ou expire) avec eux. Même réunis dans le champ, ils sont loin d’une union que la caméra leur refuse (du moins, pendant un temps) ; taiseux ou vociférant, d’une pièce à l’autre ou coincés en alternance d’un bord du cadre à l’autre, tout contribue à maintenir entre eux une distance, séparation plus forte et plus violente encore que celle imposée par un parloir peu fréquenté.

Alain et Yvette Evrard passent plus de temps à manger (séparément, la plupart du temps) qu’à parler ; voisin trop bon ou chien trop doux jouent, dans ce ballet incessant, le rôle du tiers embarqué et parfois instrumentalisé. Dernière pièce au puzzle (d’un genre plus complexe que ceux qui rythment les journées d’Yvette), la respiration finale, plus aérée et lumineuse, mènera les deux protagonistes hors les murs, vers un ailleurs bien lointain, dans un dernier soupir qui finira de les unir.

Renaud Grigoletto

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.52.18, le mercredi 17 octobre de 10 à 10h30, et de répondre à la question suivante : dans quels pays se rendent les protagonistes pour bénéficier d’une assistance au suicide à l’attention des personnes malades ?

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