Un film de Marc Fitoussi (2012). Avec Sandrine Kiberlain, Audrey Lamy, Claudio Santamaria. A voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière
Journaliste d’un magazine porté sur le fait divers malpropre et si possible sanguinolent, Pauline se laisse entraîner par sa soeur dans une escapade censée l’aider à se remettre d’une déception sentimentale au coeur d’une Italie digne de cartes postales. Plus encline à s’égarer dans les jeux de piste criminels qu’à s’aventurer sur les falaises escarpées de la vie amoureuse, l’impétueuse journaliste d’une version nostalgique et fantasmée du célèbre Détective voit des intrigues partout. Surtout lorsque le palace où elle séjourne devient le théâtre d’une mystérieuse disparation. Comme dans ses précédents films (notamment Copacabana, sa deuxième et précédente fiction), Marc Fitoussi aborde des questionnements existentiels et individuels sous les traits d’une féminité travaillée et, ici, particulièrement sophistiquée.
Si le ton fantaisiste de cette comédie rappelle sans aucun doute les films de Pascal Thomas (Mon petit doigt m’a dit, Le crime est notre affaire, Associés contre le crime), il en partage le même souci d’une histoire plus ou moins intemporelle, où l’indiscernabilité des repères sert avant tout à faire part d’un regard nostalgique amusé, de rapports fantasmés, de clichés assumés. Où les VHS côtoient les équipements les plus modernes, où les magazines semblent être restés coincés dans les années 1970. Pauline Détective est un film de clins d’oeil, un regard exalté qui lorgne le giallo (ce cinéma italien, entre policier et épouvante, de la même époque et peu souvent dénué d’érotisme) ou les comédies de Blake Edwards (La Panthère rose, The Party). Il est un jeu de piste où il s’agit de repérer les allusions, de décoder les indices laissés ; le récit est secondaire et l’esprit romanesque de la jeune femme curieuse, Rouletabille en bikini coloré, contamine alors le spectateur.
La mise en scène apprêtée, à l’image de ses costumes et de sa langue châtiée, s’offre telle une proposition ludique, une intrigue parsemée d’indices où codes et genres cinématographiques se mélangent, se brouillent, amusent. Les plus grincheux y verront un Cluedo paresseux et trop référencé, les autres apprécieront sans doute cette forme de stylisation de la nostalgie qui s’offre ici dans une étreinte difficile à refuser.
Renaud Grigoletto
Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 21 novembre de 10 à 10h30 et de répondre à la question suivante : quel film a vu se concrétiser la première collaboration entre l’actrice Sandrine Kiberlain et le réalisateur Marc Fitoussi ?