La Biennale et autres concours

Au coeur du projet pédagogique de la faculté d’Architecture de l’université de Liège se décèle une juste conjugaison entre théorie et pratique architecturales. Une aspiration qui a entre autres pour finalité de permettre aux étudiants d’appréhender très tôt le monde du travail dans toute sa complexité. La formation se veut donc diversifiée, tant au niveau des matières enseignées que des formes d’enseignement. C’est dans cette optique que le corps enseignant n’a de cesse d’inciter ses étudiants à participer à divers concours (ou workshops) d’architecture. « C’est très important pour les étudiants, relate le Pr Norbert Nelles, car cela leur permet d’être confrontés à d’autres méthodes d’apprentissage, d’échanger sur des questions globales, mais aussi de rencontrer d’autres cultures, de parler d’autres langues. »

Dernièrement, les étudiants ont participé au concours Gaudi sur l’architecture durable, lancé une année sur deux par la Cité de l’architecture et du patrimoine de Paris. En 2012, les participants étaient invités à réfléchir sur un endroit bien particulier : un marché couvert. Un thème qui, selon Jana Revedin, commissaire du concours, était finalement « plus philosophique que spatial ». Après avoir choisi un site dans un contexte urbain existant, les étudiants devaient donc avant tout se pencher sur l’identité sociale du lieu, la qualité des liaisons avec l’espace public et les habitants, tout en n’oubliant pas d’intégrer l’emploi de matériaux économiques et durables.

Si, portant sur la place Xavier Neujean, les projets d’Emilie Hugo et Charline Gautot (3e bachelier) et celui de Sébastien Clausse (2e master) ont été salués et “mentionnés”, ils n’ont malheureusement pas terminé parmi les dix finalistes. Qu’à cela ne tienne, l’aventure ne s’est pas arrêtée pour autant pour la Faculté puisqu’elle a été sélectionnée pour accueillir, en décembre 2011, le premier workshop d’étude du concours. « Les écoles du réseau, le “Leading European Universities in Sustainable Architecture’’ dont fait partie notre Faculté, contribuent au concours par des actions d’accompagnement telles que des conférences, des séminaires de formation, des workshops ou encore des summerschools sur le thème de l’épreuve », note Norbert Nelles. Avant de poursuivre: « Durant le workshop liégeois, encadré par une équipe de professeurs de l’ULg, les dix meilleurs ont pu détailler et développer leur projet, élaborer un premier prototype, tester les différents matériaux et techniques de construction. »

Après une semaine de travail acharné, le jury international devait une nouvelle fois se réunir pour désigner le premier prix, celui qui – bien que les projets des dix finalistes soient exposés en “off” – verrait son idée prendre forme sur les quais de la lagune près de la célèbre place Saint-Marc de Venise, lors de la Biennale d’architecture. L’ultime récompense fut finalement raflée par l’Espagnol Rodrigo García Gonzàlez et le Polonais Maciej Siuda, pour leur projet Devebere, sorte d’avatar italien du bonhomme Michelin. « Il s’agit d’un projet de marché gonflable : une voûte constituée d’un emballage plastique sous vide rempli de bouteilles en plastique, précise le Pr Nelles. Je pense que ce qui a principalement séduit le jury, c’est la technique ingénieuse et économique utilisée par les concepteurs, mais aussi et surtout la démarche puisqu’elle implique la participation des commerçants dans l’élaboration et la constitution des matériaux de construction : les déchets du marché. »

Si l’équipe d’enseignants déplore qu’aucun Liégeois n’ait fait partie de l’aventure italienne, elle n’a pas le temps – trop occupée à coacher d’autres étudiants pour d’autres concours – pour les regrets. A présent, elle trépigne d’impatience en attendant les résultats de Schunck l’EAP, un concours eurégional d’architecture auquel participe une dizaine d’étudiants de la Faculté. Ne dit-on pas que le talent n’attend pas le nombre des années ?

Martha Regueiro

Jana Revedin, Architecture à l’essai. Le concours Gaudi sur l’architecture durable, éd. Alternatives, Paris, 2012. Cet ouvrage présente les trois premières sessions du concours (2006, 2009, 2012) en mettant l’accent sur le travail des Premiers Prix et sur le cadre pédagogique.