Mieux comprendre comment la migration transforme les sociétés d’origine au Sud et les sociétés d’arrivée au Nord : tel est l’objectif principal du programme de recherche “Tricud”* mené par le Cedem, le Cleo et Pôle Sud, trois centres de recherche de l’Institut des sciences humaines et sociales de l’ULg.
Les flux migratoires internationaux ont toujours été à la fois la cause et le résultat de modifications économiques, politiques, sociales et culturelles. S’il est évident que ces migrations affectent – au Nord comme au Sud – la dynamique des identités, elles ont aussi favorisé la formation d’espaces sociaux transnationaux connectant pays d’origine et de destination. Un phénomène observable notamment entre la Belgique et la République démocratique du Congo ou entre la Belgique et le Maroc.
« Notre programme de recherche a l’ambition de comprendre la dynamique des identités et des représentations en milieu urbain ainsi que les pratiques transnationales des migrants, explique Marco Martiniello, directeur du Cedem. C’est dans ce cadre que nous organisons une journée d’étude le vendredi 14 décembre, laquelle sera centrée sur les processus de diversification culturelle au sens artistique du terme. »
Les populations immigrées, minorisées, ont-elles l’occasion de manifester les expressions de leur culture artistique ? Ces pratiques serventelles l’intégration ? Les cultures urbaines participent-elles à l’émancipation ? Peuvent-elles favoriser un entreprenariat culturel et stimuler la cohésion sociale ? Parmi les chercheurs invités pour répondre à ces diverses questions, Lionel Arnaud (université de Rennes) parlera de ses analyses de terrain à Lyon et à Londres, Jean-Louis Genard (ULB) évoquera les politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Lello Savornardo (université de Naples) traitera de la musique comme fondement d’identité culturelle, Farid El Asri (UCL) évoquera l’identitaire musulman dans le monde de l’art urbain.
Quelques artistes urbains participeront ensuite, l’après-midi, à des tables rondes. B-Flow, OHK, Manza et James Deano viendront témoigner de leurs réalités respectives et confronter leurs expériences au discours des chercheurs. Alors que certains artistes s’installent et s’adaptent à leur nouvel environnement en enrichissant les cultures locales, d’autres entretiennent plus volontiers des liaisons et des activités transnationales. « Un point de vue très intéressant à investiguer, reprend Marco Martiniello, car, si la littérature spécialisée a massivement exploré la question des transferts économiques et financiers relatifs à l’immigration, cela ne suffit pas pour évaluer la dynamique du changement social ou les échanges culturels favorisés par la migration dans les sociétés d’origine du Sud et celles du Nord. »
Les populations immigrées dans des villes européennes vont probablement augmenter dans le futur. Par ailleurs, les technologies de la communication et la facilité des transports aériens permettent à ces communautés de rester en lien étroit avec leur pays d’origine. Ici et là, de nouveaux modes de vie, de nouvelles visions du monde seront présentés.
Patricia Janssens
* Transnationalisme, dynamique des identités et diversification culturelle dans les villes post-migratoires (Tricud) : action de recherche concertée (ARC) de 2009, financée grâce au soutien de la Communauté française de Belgique.
Artistes, cultures et identités urbaines dans les villes multiculturellesJournée d’étude du Cedem-Tricud, le vendredi 14 décembre, à partir de 9h30, à la salle du conseil de la faculté de Droit (bât. B31), Sart-Tilman, 4000 Liège. Contacts : courriel sonia.gsir@ulg.ac.be, site www.cedem.ulg.ac.be. |