Décembre 2012 /219
Maîtresses et favorites, du Moyen Age à l’époque moderne
Femmes d’influenceC’est en tout cas ce que souhaite démontrer le FER ULg (Femmes enseignement recherches de l’ULg) lors du colloque “Maîtresses et favorites dans les coulisses du pouvoir en Occident du Moyen Age à l’époque moderne”, qui se tiendra à la Société littéraire les 13 et 14 décembre prochains. « Cette rencontre scientifique, explique Marie-Elisabeth Henneau, docteure en histoire moderne, membre du FER ULg, présidente de la Siefar et instigatrice de l’événement avec Juliette Dor et Alain Marchandisse, a pour but de dégager ces femmes des histoires romancées d’amours illicites. Certaines ont joué un rôle important – qu’il soit toléré, reconnu ou critiqué – en faisant évoluer les sphères du pouvoir. Elles n’étaient donc pas que des maîtresses. D’ailleurs, on le sait peu, mais certaines ont été favorites sans être des maîtresses, demeurant de simples amies. Il n’y avait pas toujours de proximité sexuelle avec l’homme de pouvoir, mais un ascendant très fort de la part de ces femmes devenues des personnages très influents. » Point de départ de cette réflexion, le livre d’Eliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir (2006) où « l’auteure s’interroge sur les raisons qui expliquent le faible nombre de femmes occupant aujourd’hui de hautes responsabilités politiques en France. Elles remontent notamment aux origines de la loi salique qui empêchait les femmes d’hériter ou de transmettre le pouvoir en France. Eliane Viennot explique que cette loi n’a pas de fondement historique mais a été inventée de toutes pièces pour des motifs stratégiques ». Des femmes allaient pourtant exercer certaines formes de pouvoir. « Par personne interposée, par leur fréquentation intime des hauts personnages d’un Etat : rois, princes, ministres ou gens d’Église », développe encore la chercheuse. Le colloque a l’ambition d’étudier le phénomène sur le long terme et à l’échelle européenne. Seront envisagés successivement le statut des maîtresses et favorites et les relations qu’elles entretenaient avec l’entourage proche du souverain, l’épouse légitime y compris. « L’épouse et la maîtresse n’avaient évidemment pas le même statut, insiste Marie-Elisabeth Henneau. La reine avait la préséance, mais il arrivait que les salons des maîtresses soient plus brillants que ceux de la reine qui se retrouvait alors reléguée au second plan. » Dans les coulissesOn le voit, du Moyen Age jusqu’à la Révolution française, l’infidélité des grands est admise et conforte souvent leur prestige. La situation de leurs maîtresses est toutefois demeurée paradoxale. Souvent critiquées, elles ont pourtant occupé une place de choix à proximité des lieux de gouvernement et de culture, moyen pour des femmes de contourner les règles injustement instaurées à leur encontre pour les tenir éloignées du pouvoir. Quoi qu’il en soit, comme tend à le démontrer cette rencontre scientifique, maîtresses et favorites ont fait bien plus que hanter les coulisses du pouvoir. Martha Regueiro
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