Entre deux cours, dans la salle “séminaire mathématique” du B37, Valentin Thirion et Patrick Herbeuval assistent à un petit événement qu’ils s’empressent de rapporter au troisième mousquetaire de la bande, Julien Gilon, arrivé quelques minutes plus tard : la page Facebook de l’application smartphone qu’ils ont mise au point a atteint la barre symbolique des 100 likes. ULgOloc – c’est le nom de cette application de géolocalisation – n’est pourtant pas encore disponible pour le grand public (elle le sera quelques jours après notre entrevue, sur les magasins en ligne d’Apple et d’Android). « Seules quelques personnes, le Recteur et le vice-Recteur à la recherche, certains membres du personnel et des étudiants la testent en version bêta », signale Valentin, mais elle fait déjà pas mal de bruit sur les réseaux sociaux, ces espaces virtuels auxquels les trois jeunes étudiants en sciences informatiques sont “hyperconnectés”. « A côté de la page Facebook, on a également créé un compte Twitter pour promouvoir l’application. On a pour le moment 153 followers. Ça fait pas mal d’utilisateurs potentiels », s’enorgueillent-ils. Des pages qu’ils alimentent notamment à coups de captures d’écran dévoilant petit à petit, telle une échographie, l’apparence et les futures fonctions de leur bébé en gestation. Toute une stratégie. « J’espère plusieurs centaines de téléchargements dès la première semaine », poursuit d’ailleurs Valentin avec l’assurance d’un jeune premier.
ULgOloc devrait, avant toute chose, rendre un sacré service aux étudiants dont le sens de l’orientation joue parfois quelques tours : une fois téléchargée, l’application – gratuite – permettra en effet à ses utilisateurs de localiser facilement, sur tous les campus de l’Université (Sart-Tilman, 20-Août, HEC-ULg, Outremeuse, Botanique, Gembloux Agro-Bio Tech et Arlon), un bâtiment, une salle de classe, une salle d’étude. « A tout moment, l’utilisateur pourra également connaître l’emplacement des arrêts de bus les plus proches de sa position, de même que les lignes qui y passent. Plus généralement, on a décidé d’ajouter des fonctionnalités telles que le menu du restaurant, le répertoire du personnel, le réseau de bibliothèques, les actualités de l’ULg, la page de sa web tv ainsi que des liens vers les sites web des différents Facultés. Un système de notification avertira par ailleurs les appareils mobiles abonnés des différents événements organisés par l’Unif, avec à chaque fois une localisation du lieu de l’événement », complète Julien.
Les trois concepteurs en herbe, qui rêvent de success story à la Steve Jobs ou Mark Zuckerberg, fascinés par la Silicon Valley et la moyenne d’âge de ses chefs d’entreprise – « à 30 ans à peine, ils sont à la tête de boîtes hyper lucratives », lance Julien charmé par l’état d’esprit qui semble y régner –, se sont en réalité inspirés d’une application développée pour l’université d’Harvard, là où le PDG de Facebook a justement fait ses armes, afin de développer la leur : « On voulait créer une application utile pour les étudiants de l’Unif, mais on n’avait pas vraiment d’idée. Et c’est en fouillant l’Apple store qu’on est tombés sur une application de géolocalisation de l’université d’Harvard... »
En mai, la petite équipe (« on est des amis avant tout », précise Patrick, planqué derrière l’écran de son ordinateur) se met à l’ouvrage : écriture du code, réflexion sur le design de l’application. Les heures passées à la salle séminaire, devenue leur quartier général, ne se comptent plus. « La difficulté majeure à laquelle nous avons été confrontés en voulant transposer l’idée d’Harvard était que, contrairement au campus américain, implanté sur un lieu géographique unique, celui de l’ULg a la particularité d’être fragmenté. Cela nous a posé quelques problèmes pour l’affichage des cartes. La méthode dont on a représenté les données a d’ailleurs changé plusieurs fois en cours de route. »
Emblématiques d’un certain esprit du temps, où le nombre de likes et de followers fait sens et où les start-ups alimentent de nouvelles images d’Epinal, Patrick, Julien et Valentin sont, d’abord, fiers d’être parvenus à relever le défi qu’ils se sont eux-mêmes lancé. Sans pour autant “en faire des tonnes”, nos trois étudiants, qui cogitent déjà sur une deuxième version de l’application, savent aussi que cette réalisation servira de carte de visite flatteuse auprès de futurs employeurs. Ils ne comptent pas s’arrêter sur leur lancée. D’autres idées d’application sont déjà dans l’air. Mais pas un mot pour le moment !
Michaël Oliveira Magalhes
Voir le site www.ulgoloc.be