Janvier 2013 /220
TypeArt

Concours cinéma

Avec Argo, Ben Affleck, l’acteur vedette, renoue non sans succès, avec le rôle de réalisateur qui semble de plus en plus lui coller à la peau. Ici présent derrière et devant la caméra, il incarne un habile agent spécialiste d’exfiltrations en territoire hostile, menant une opération à haut risque dans un Iran arrivé à un tournant, celui d’un changement de régime et de décennie. Le film, assez classiquement, ne se prive pas de rappeler son dû à des faits réels, mis au service de son haletant récit. L’histoire, entre crise iranienne des otages et machine à rêve hollywoodienne, est celle d’un agent supposé récupérer des diplomates américains réfugiés clandestinement dans l’ambassade canadienne de Téhéran en 1979, en les faisant passer, auprès des autorités, pour une équipe de tournage de passage dans le pays. Il y a là matière pour un film savoureux, pris entre enjeux dramatiques et historiques d’une part, et regard tour à tour ironique et amusé d’autre part, sur un pays et son industrie cinématographique. Ce fut en tout cas le pressentiment des producteurs Grant Hestoy et un certain George Clooney.

Le film se termine comme il a commencé, utilisant toutes les ficelles d’une oeuvre “basée sur une histoire vraie” et notamment celle de la pédagogie de l’archive. Images historiques filmées ou arrêtées ouvrent le récit, sans négliger l’usage classique de la voix off aidant sa remise en contexte auprès d’un spectateur contemporain plein d’attentes. Lesquelles seront sans doute comblées, non seulement par le rythme palpitant, mais également par le souci de mimétisme en action : le générique de fin s’assimile à une comparaison comme pour attester, presque plan pour plan, de la similitude des images historiques et des images rejouées, des traits des personnages historiques et ceux de la fiction dans le souci d’une véracité au ressort dramatique. A cet égard, le travail est remarquable et barbes et cheveux longs d’époque ne contreviennent pas à notre immersion au plus près de l’action, à l’image de ces diplomates obligés d’aller chatouiller la menace pour mieux la contourner, sans nous épargner, à nous comme à eux, quelques crispations. On oubliera volontiers les quelques ambiguïtés d’une idéologie conciliante digne d’un baiser devant un drapeau américain.

Mais les crispations laissent place également aux spasmes rieurs, comme une fausse piste qui viendrait désarmer l’intensité accumulée. De l’autodérision et de l’ironie, à travers ce film bidon que CIA et producteurs hollywoodiens fantasques essaient de monter comme on monte une opération de sauvetage ; Argo offre des promesses inversement proportionnelles (mais tout aussi jouissives) à celles d’Argo (film pas bidon du tout qui montre, à l’inverse de ses protagonistes hollywoodiens, que l’arme ne fait pas le genre, comme le cheval ne fait pas le western).

Renaud Grigoletto

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 23 janvier de 10 à 10h30 et de répondre à la question suivante : par quel président américain cette opération a-t-elle été officiellement reconnue, après avoir été maintenue dans le secret par le gouvernement des Etats-Unis pendant un temps, laissant les mérites aux représentants canadiens ?

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