Février 2013 /221
Des cours pour les entreprises, étudiants et demandeurs d’emploiIls sont une petite dizaine, tous âges adultes confondus, à s’être libérés de leurs occupations professionnelles pour assister dans une salle de la Cité internationale Wallonie-Bruxelles (CIWB) à la séance de présentation des cours d’arabe proposés gracieusement aux entreprises par la toute jeune Arabe Académie, lancée début 2013 conjointement par l’ULg, la CIWB et l’Awex. Derrière les bancs disposés en rectangle, des entrepreneurs et des employés dont les entreprises sont exportatrices ou désireuses d’exporter vers les pays arabes. Car l’une des missions de l’académie, en plus de « dépasser les préjugés, les clivages et les stéréotypes », comme le mentionne Yadranka Zorica, en charge du projet, est de « renforcer les relations, notamment commerciales, avec le monde arabe ». Premier contact« Pouvoir établir le premier contact dans la langue de son interlocuteur, explique l’un des futurs “étudiants” dont la société exporte au Maghreb, avant de continuer l’échange en anglais s’il le faut, est sans aucun doute un point important en matière de relations commerciales. » C’est entre autres et d’ailleurs pour cette raison que la plupart ont décidé de retourner sur les bancs d’école à raison de deux heures et demi par semaine, le vendredi en fin d’après-midi, afin de suivre un module de 20 séances destinées à initier les débutants qu’ils sont aux rudiments d’une langue peu accessible de prime abord. « En 50 heures, il s’agit d’atteindre un seuil minimal de connaissance de la langue qui leur permettra de se débrouiller dans une situation de rencontre, de quoi pouvoir se présenter, prendre congé, etc. », indique de son côté Frédéric Bauden, de la faculté de Philosophie et Lettres, qui dans l’aventure hérite – au même titre que son assistant, Radouane Attiya – du rôle de professeur. Titulaire à l’ULg de nombreuses matières gravitant autour de la langue et de la culture arabes, le Pr Bauden poursuit en exposant la toute première difficulté à laquelle ces étudiants “d’après journée” seront d’entrée de jeu confrontés, avant même de se lancer corps et âme dans l’apprentissage de la langue : « Il faut d’abord déterminer quel arabe étudier : l’arabe classique, moderne, que l’on appelle également arabe littéraire, et qui est une langue qui a fort peu évolué de celle que la population parlait à l’origine (en grossissant le trait, on dirait que parler l’arabe classique dans un pays arabe reviendrait à parler latin à Rome !) ; ou bien un dialecte, local et spécifique, qui partage un socle commun avec l’arabe classique mais dont les différences sont néanmoins notables. » Parmi les nombreux dialectes en usage, c’est l’égyptien qui est le plus répandu, « un statut qui s’explique notamment par son recours dans les films, séries et soap operas largement diffusés, suivi du dialecte syrien, lequel commence tout doucement à jouir d’une importance similaire », note l’assistant du Pr Bauden. La formation est ainsi prévue dans les trois formes – classique, égyptien, syrien. Approcher la culturePour éviter les abandons prématurés et les décrues de motivation, (« il faut compter une centaine d’heures de cours avant de pouvoir lire le contenu d’un journal », concède Radouane Attiya), les cours s’appuient sur une méthode d’apprentissage élaborée aux USA, à l’université du Texas, et adoptée à l’université de Liège : « Cette méthode qui recourt abondamment à des exercices de dialogues, des mises en situation, du matériel audio et vidéo permet de mettre les étudiants directement en contact avec la pratique orale. Par ailleurs, l’élève – et c’est un investissement indispensable – est encouragé à travailler à domicile grâce à un DVD et des exercices en ligne. » Un volet sur la culture arabe fait également partie du programme, comme l’explique pour conclure le Pr Bauden : « Nous nous pencherons en effet, à l’occasion, sur les codes en vigueur, fixés par la religion : peut-on tendre la main pour se saluer ? Quelle attitude adopter si l’on voyage en période de ramadan ? Nous ne négligerons pas non plus les aspects culturels plus triviaux mais néanmoins intéressants tels que la signification du café (le lieu) dans les pays arabes, par exemple. Une manière là aussi de dépasser certaines idées reçues et lieux communs. » Michaël Oliveira Magalhaes
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