Février 2013 /221
TypeArt

Concours cinéma

Hors les murs

Un film de David Lambert (2012)
Avec Guillaume Gouix, Matila Malliarakis, David Salles
A voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière

Après une soirée arrosée – de celles dont on sort sans plus pouvoir tenir debout –, Paulo se réveille chez Ilir, serveur à l’âme charitable et pas tout à fait désintéressé qui s’est proposé de le ramener, après un échange de regards furtif mais appuyé. Sur base de la rencontre entre deux hommes, David Lambert envisage la complexité de la dynamique amoureuse et ses soubresauts, tout à la fois puissante et fragile, lorsque deux êtres s’accrochent ou s’effritent, lorsque deux astres sont soumis aux lois de l’attraction en même temps qu’aux forces contradictoires de corps étrangers en orbite. Paulo vit en couple avec sa fiancée, qu’il a déjà trompée à plusieurs reprises avec des hommes : sa complicité avec Ilir, bassiste d’origine albanaise, mettra fin à l’espoir de l’une et la promesse de l’autre. Ilir est le détonateur d’un feu ardent, dont les flammes renouvelleront le champ amoureux infertile.

Pour son premier long métrage, après le très remarqué Vivre encore un peu (2009), David Lambert parvient à éviter les pièges du film thématique : la passion et la fougue de cette histoire attachante sont aussi les moteurs d’une mise en scène exigeante et directe à la fois, où le cadrage serré laisse exister les visages et les balbutiements, les belles et moins belles paroles, sans dégoulinement de bons sentiments, sans fioritures non plus. Justifiant la proximité de la caméra avec les corps, les espaces étriqués des premiers émois (l’appartement d’Ilir, dans un premier temps) sont à l’image des passions qui s’y déploient, comme le souffle retrouvé après l’intensité de l’effort. Jusqu’à ce qu’Ilir, parti pour un court séjour anodin, ne revienne plus : l’espace exigu qui consumait leur amour devient, avec celui de la prison dans laquelle le corps d’Ilir est retenu, celui-là même qui finira de le consommer. Le scénario, en plus du cadrage qui doucement se dessert, suggère habilement ces retournements et détournements de soi, dans son rapport à l’autre : Ilir, professeur de basse improvisé, laisse la place à Paulo, passé d’élève docile à professeur de piano assuré, faisant dans tous les cas de l’instrument un terrain de rencontre et d’expression de sentiments, une manière aussi d’assumer un rôle dans la relation qui n’est pas toujours le sien.

Comme celui de Paulo, à peine assumé, d’homo sous couverture, ou celui de sa fiancée, finalement transparente et peu crédible tant elle est rapidement laissée de côté par un réalisateur plus habile à raconter l’amour entre ces deux hommes. Mis en images dans quelques vagues réminiscences des hauts faits de l’amour hétérosexuel codifié présent chez Truffaut, notamment, la relation de Paulo et sa compagne est confinée à des scènes un peu stéréotypées et prêtant au rapport de force dans le lieu de l’intime. Côte à côte dans un lit ou en pleine lecture, ces deux êtres semblent désespérément tenus à distance, incapables à jamais de tomber à la renverse. Ou de perde la tête.

Renaud Grigoletto

Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 20 février de 10 à 10h30, et de répondre à la question suivante : dans quel autre film tourné en Belgique et sorti en 2012 a-t-on pu voir Guillaume Gouix ?

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