Les horaires de bus désormais sur votre GSM

La présentation officielle du projet n’aura pas fait l’économie du pathos : « Ne plus attendre dans la pluie et le froid. Ne plus se hâter pour un bus déjà passé. Ne plus passer ses fins de soirées à espérer un dernier bus. » Clichés à l’appui, le site web Prochainbus.be se pose donc en prophylaxie face au désarroi qui guette l’utilisateur de bus en phase avec son temps (et donc désorganisé) en proposant gratuitement les horaires de plus de 104 lignes du TEC Liège-Verviers, sur base des horaires officiels réactualisés et de leurs newsletters. Et ce, aussi bien sur un ordinateur traditionnel que sur une tablette numérique ou un smartphone, dans des versions pour les systèmes Apple et Android.

En phase avec leur temps

Derrière ProchainBus roule un étudiant en communication, Thomas Hermine, désappointé par le faible intérêt de la société de transports en commun pour les nouvelles technologies. Lassé d’attendre un accès mobile aux horaires des TEC, il dessine quelques schémas après ses cours au Sart-Tilman. « Nous prenions tout le temps les bus 48 et 58 et nous nous disions que c’était dommage que les TEC ne mettent pas à disposition des moyens simples et efficaces d’accéder aux horaires. Nous jugions le site internet du TEC vieillot et pas du tout ergonomique, qui n’offrait que de simples et inadaptés documents de format pdf aux possesseurs de smartphones. Très vite, le projet s’emballe, nous emballe et le développement informatique commençait », résume-t-il.

A ses côtés, sa petite amie, Margaux De Ré, étudiante de 1er master en arts du spectacle à l’UL g, est chargée de faire vivre l’application sur les réseaux sociaux et de gérer une communauté de 500 fans sur Facebook ainsi que près de… 10 000 utilisateurs à l’heure actuelle. Et cette dernière, aussi pétulante que son partenaire, enfonce le clou dans un bel élan promotionnel : « Avec ProchainBus, en deux clics, on choisit un arrêt, une ligne, et on dispose des horaires jusqu’au lendemain à minuit. Or, sur Infotec.be, portail officiel du TEC, cela requiert un plus grand nombre d’étapes, même si l’on consulte plusieurs fois le site au cours de la même journée. Notre application, elle, conserve les données en mémoire tout en indiquant les arrêts à proximité. »

Face aux tables horaires matricielles (dignes héritages du début du siècle passé) et aux austères panneaux plantés aux arrêts de bus, le succès de l’application ProchainBus était prévisible. Chaque jour, plus ou moins 500 personnes les consultent. Mais la célérité dont ont fait montre nos deux étudiants irrite un peu la société publique de transports de la Région wallonne (SR WT) qui chapeaute les TE C. « Nous déplorons que les concepteurs du site l’aient lancé sans même nous avoir consultés. D’autant que nous recevons de nombreuses plaintes pour des retards de bus qui sont en réalité la conséquence d’erreurs dans les horaires qu’ils renseignent. Il subsiste également un problème d’actualisation permanente des données, notamment en cas d’intempéries, regrette Stéphane Thiery, à la direction de la communication de la holding publique. Nous attendions la fin des examens pour contacter les étudiants qui sont à l’origine du projet. Non pas pour les gronder, car on sent le sérieux de leur travail, tout comme leur esprit entrepreneurial et proactif, mais simplement dans un optique de rencontre. »

Rouge, on se grouille

“Donne-moi ta montre et je te donnerai l’heure” pourrait être la devise de la SRWT, qui se concentre maintenant sur la nouvelle version à venir du site Infotec.be. Celle-ci devrait être plus performante que l’actuelle et intégrer des fonctionnalités comparables aux applications de Margaux et Thomas. Sûrs d’eux, ceux-ci jugent toutefois les leurs nettement plus ergonomiques, épurées et beaucoup plus visuelles que bien d’autres existantes. Notamment grâce à leur concept SmartColor prenant en compte la géolocalisation de l’usager connecté sur son appareil mobile et celle de l’arrêt de bus sélectionné. Après estimation du temps de trajet, un jeu de couleurs signale les probabilités d’atteindre l’arrêt à temps (“vert” on marche, “orange” on se hâte, “rouge” on court).

Que leur démarche – actuellement bénévole et même légèrement coûteuse – débouche ou pas sur une implémentation commerciale dans des réseaux de transports en commun belges ou français, nos deux étudiants peuvent déjà se sentir gagnants. « Si j’avais dû me conformer au cahier des charges du TEC, cela aurait déforcé mon application », assure Thomas. « Il s’agit d’une super aventure. Se retrouver à la RTBF ou dans le journal Le Soir, c’est une pure expérience ! On encourage les autres à développer leurs projets », conclut Margaux.

Fabrice Terlonge

Site : www.prochainbus.be