Mars 2013 /222

Premiers effets de la réforme

D_OrioVincentPetit rappel : il fut un temps où les sept années du cursus de médecine permettaient aux diplômés d’exercer la médecine générale. Mais ce temps est révolu depuis plus de 15 ans maintenant ! Une directive européenne a exigé en effet que les candidats médecins généralistes complètent leur formation par une maîtrise complémentaire d’une durée de trois ans. Le législateur belge a alors prévu la possibilité pour ces candidats d’anticiper cette spécialité lors de la dernière année du cursus de base afin de leur réduire la durée de leur formation de 10 à 9 ans. Cette dérogation ne pourra toutefois plus être appliquée dès 2017, ce qui a mené à la réflexion sur la durée des études.

Le décret du 23 mars 2012 structure ces dispositions européennes et formalise le cursus de base en six ans (trois bacheliers et trois masters), auquel il convient d’ajouter les masters complémentaires (trois pour la médecine générale, cinq pour l’ophtalmologie, six pour la chirurgie, etc.). Cette décision prise au niveau fédéral concerne bien sûr toutes les facultés de Médecine belges et les place devant la même contrainte : diminuer d’un an la formation initiale.

Photo : Le Pr Vincent d'Orio. © Jean-Michel Clajot.

7-1 = 6

« En Fédération Wallonie-Bruxelles, les universités ont décidé d’une part de réduire de six mois les stages de fin de cursus et, en 1er bachelier, de limiter le temps des enseignements des matières de base – physique, chimie, biologie – à un quadrimestre au lieu de deux, explique Vincent d’Orio, doyen de la faculté de Médecine. Une liste de prérequis fixe les matières à maîtriser avant l’entame des études, ce qui permet de commencer les nouvelles matières dès le mois de septembre. » Plus facile à dire qu’à faire cependant puisque les doyens des facultés concernées – réunis en collège – ont dû établir la liste des prérequis en mathématique, physique et chimie grâce à l’aide des enseignants des années ultérieures. Le corps professoral a également déterminé les matières indispensables à maîtriser pour suivre les cours de biochimie, d’histologie, etc., du 2e quadrimestre. A noter que sur les 30 crédits du 1er quadrimestre, 18 sont communs à l’ensemble des Facultés.

« Cette réorganisation sera achevée lors de la rentrée prochaine, poursuit le Doyen. En effet, la réforme prévoit aussi la mise en place d’un test d’évaluation préalable à l’inscription. » Un test qui sera obligatoire, mais pas contraignant. L’objectif de cette épreuve est de permettre aux jeunes d’évaluer leur maîtrise des connaissances prérequises et de les inciter, le cas échéant, à suivre des cours de remédiation pendant l’été. Avec l’aide des professeurs de la faculté des Sciences, une série de modules seront mis en place afin de préparer à l’entrée en médecine*.

« Je ne vous cache pas que le collège des doyens aurait souhaité que le test soit contraignant et que donc la réussite constitue le sésame nécessaire à l’inscription, poursuit le Pr d’Orio. Mais la Fédération des étudiants francophones (FEF) n’en veut pas ! Elle estime qu’il serait discriminatoire et opposé au principe du libre accès aux études. Il n’y a donc aucune régulation du flux d’étudiants, ce qui pose des problèmes étant donné leur nombre, tant en matière d’infrastructures que de moyens humains mis à leur disposition pendant leur formation. »

Poupées russes

Parallèlement à cette métamorphose, le décret impose également une autre réforme : non seulement la session d’examens de janvier est désormais obligatoire dans sa totalité, mais les étudiants doivent obtenir une moyenne de 10/20 pour être automatiquement admis au 2e quadrimestre. Quels sont les résultats ? « Sur 740 étudiants, y compris les doublants, 133 ont obtenu une moyenne de 12/20 et 158 une moyenne de 10. 271 étudiants sont dès lors autorisés à suivre les cours du 2e quadrimestre, soit 36,6% du nombre total », précise le Doyen.

A ceux qui n’ont pas satisfait, trois possibilités sont offertes : la réorientation, la poursuite des études ou l’étalement de l’année en deux ans. « Chaque cas a été examiné de manière spécifique en délibération, affirme Vincent d’Orio. Le jury a ainsi permis à des étudiants qui avaient échoué de peu dans une matière de la représenter en juin, ceci afin d’alléger le 1er quadrimestre de l’année suivante. Des cours de remédiation, en outre, sont accessibles, tant sur les prérequis que sur les cours de base. Le but étant d’optimiser les chances de réussite par la suite. »

Avec 36,6% de réussite en janvier, l’ULg obtient un taux comparable à celui de l’ULB et de l’UCL (où les pourcentages sont légèrement inférieurs cependant), mais nettement en deçà des 52% de l’université de Namur. Une différence qui étonne. « Je n’ai pas d’explication, avoue le doyen Vincent d’Orio, mais j’ai l’intention de proposer au collège des Doyens – dont les décisions ont force de loi dans les Facultés – de déterminer avec plus de précisions encore les matières communes, tant au niveau des connaissances que des modes d’interrogation. Afin de rendre les sessions homogènes et donc comparables. » Rendez-vous fin juin.

Patricia Janssens

* Toutes les informations sur le site www.facmed.ulg.ac.be

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