Mars 2013 /222
Un colloque sur la representation du continent africain
Ici et ailleursLa question de l’identité (ou des identités), qui taraudait déjà le poète Cullen au début du XXe siècle et « dont l’intérêt demeure intact dans nos sociétés multiculturelles » aux dires de Bénédicte Ledent, sera une porte d’entrée parmi d’autres à cette réflexion orientée sur la littérature, mais également sur d’autres arts tels que la photographie en particulier. « En littérature, poursuit-elle, la production des écrivains d’origine africaine, qu’ils soient issus de l’ancienne ou de la nouvelle diaspora, a été reconnue pour son dynamisme et son originalité exceptionnelle, et, sans surprise, a attiré l’attention des chercheurs du monde entier. On remarque cependant deux choses : d’une part, que les travaux sur l’ancienne diaspora, notion très large qui désigne les descendants d’esclaves notamment en Amérique du Nord et aux Caraïbes, font souvent l’impasse sur l’héritage africain des auteurs et leur perception de celui-ci ; d’autre part, que la représentation proposée par les écrivains de la nouvelle diaspora, qui se distinguent par le fait d’être nés en Afrique puis de s’être exilés (pour suivre des études en Europe, par exemple), est rarement évaluée sous l’angle de leur nouvelle position géographique – la tendance étant plus à la déterritorialisation. Bref, certaines approches méritent d’être explorées plus en détail. » Le colloque, comprenant plusieurs sessions à la fois accessibles au grand public et au cercle académique, comptera plus d’une cinquantaine d’interventions (en anglais) abordant ces questions de représentation sous des angles divers.
Trois écrivains contemporains aux trajectoires singulières, dont les écrits sont au programme de cours de littérature dispensés en langues et littératures modernes, seront présents pour nourrir les débats : Jackie Kay, une Ecossaise de père nigérian adoptée par des parents blancs, qui aborde dans son oeuvre le thème du retour aux origines (réel ou imaginaire); Caryl Phillips, né aux Caraïbes, qui a grandi en Angleterre, vit actuellement aux Etats-Unis et dont « les écrits évoquent notamment la société esclavagiste, la complexité identitaire, la multiculturalité », selon Bénédicte Ledent, auteure d’un ouvrage sur l’écrivain ; Chika Unigwe, née au Nigeria, qui vit en Belgique depuis plusieurs années et « qui explore dans son oeuvre les difficultés aussi bien matérielles qu’émotionnelles liées à l’immigration, comme en témoigne son roman On Black Sisters’ Street, qui retrace le parcours de quatre prostituées africaines à Anvers », précise Daria Tunca, dont les travaux portent en partie sur cette écrivaine. Entre mythe et réalité
Citons pour finir une intervention consacrée au genre futuriste qui encore assez peu répandu dans la littérature diasporique (« on associe d’ailleurs souvent l’Afrique au réalisme », notent les organisatrices) apparaît dans sa substance quasi comme le contrepoint d’une vision médiatique nous livrant presque invariablement l’image d’un continent rongé par les guerres, la famine et les régimes dictatoriaux, ce qui l’engonce bien souvent dans les problèmes du présent. Michaël Oliveira Magalhaes
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